Les deux canards et le promeneur un peu sadique

Deux canards

Fermez-les yeux (mais pas trop pour pouvoir continuer à lire) et imaginez un lac en montagne, et un promeneur, qui au bout d'une heure commence à être lassé par la beauté du paysage et trompe l'ennui en jetant les restes de pain de son sandwich aux canards qui barbotent sur l'eau. Une peinture qui pourrait sembler idyllique, n'est-ce pas ?
Sauf qu'il faut savoir que ce promeneur est un peu sadique. Il s'efforce de nourrir le même canard, en prenant bien soin de jeter suffisamment loin les morceaux de pain pour que les deux volatiles fassent la course, mais dans un angle bien précis pour que la même bête ait toujours l'avantage. La question est de savoir combien de temps cela peut durer avant que l'autre se lasse et s'en aille.
Au troisième lancé, le canard lésé commence à pousser des cris d'agacement et cancane de colère. A la grande surprise du promeneur, le canard n'abandonne pas la partie. Au septième lancé, il fonce sur son adversaire et lui chope les plumes à grands coups de bec. Mais en vain, puisque le promeneur a soigneusement choisi de toujours nourrir le plus vigoureux des deux. Ainsi le reste du sandwich fut englouti sans que le plus faible ne puisse profiter de la moindre miette.
Le promeneur s'amuse alors de constater que le canard défavorisé s'est rebellé contre son adversaire, plutôt que de venir voler dans les plumes de celui qui distribuait le repas.
Le promeneur trouve que ce canard est bien stupide et qu'il ne mériterait même pas de finir en magrets accompagnés d'une sauce aux airelles.

Lac de Montagnès - Mazamet - Septembre 2012Plutôt que de nous en prendre à un grand bourgeois qui souhaiterait s'exiler à l'étranger pour éviter une éventuelle taxation à 75%, ne serait-il pas plus utile d'exiger de nos dirigeants une loi qui obligerait les exilés fiscaux à régler au Trésor Public la différence entre l'impôt qu'ils ont payé à l'étranger et celui qui aurait été dû en France ? Je crois que certains pays, dont les USA, le font bien. C'était même, me semble-t-il, une idée avancée par le candidat du Front de Gauche aux dernières présidentielles. Etait-ce une proposition si aberrante qu'elle doive sombrer aux oubliettes ? Les français ont l'habitude de manifester contre des lois. En voici une pour laquelle ils pourraient battre le bitume.
Non, nous préférons voler dans les plumes et cancaner des "casse-toi, riche con !" et rire avec des "Bernard, si tu reviens, on annule tout !", fussent-ils appropriés.
Non, nous préférons nous en prendre aux canards nantis plutôt que de taper sur la table du promeneur qui définit les règles du jeu.

Certes, nous ne finirons pas non plus en magrets accompagnés d'une sauce aux airelles.
Mais nous serons à coup sûr les dindons de la farce...

Ces couleurs qui me saoulent

Noir + Blanc

Ai-je une tête d'électeur du Front National ? Ai-je un comportement susceptible de passer pour un sale con de facho ?
Je viens *encore* d'être "victime" d'un retour de flamme du racisme ambiant, qui quelque part est lui-aussi une forme de racisme.
Je comprends aisément que certains citoyens puissent avoir les nerfs à vifs après cinq années en Sarkozie, ou que les scores du FN aux élections et ses idées qui se sont banalisées dans les propos des Hortefeux, Guéant, Morano (et autres...) aient pu marquer les chairs au fer rouge. Mais faudrait pas non plus sombrer dans l'excès inverse.

Aujourd'hui...
Il y avait un peu de monde dans le compartiment du métro, on dirait bien que les juilletistes ne sont pas encore partis en vacances. Et là, je vois que ma petite sacoche Diesel en bandoulière a tendance à vouloir jouer dangereusement avec l'entrejambe de mon voisin de transport. Je l'attrape et la repositionne de façon à ce qu'elle ne l'importune plus.
Et là, le mec démarre au quart de tour :
« - Ouais, faut pas avoir peur comme ça, j'vais pas le tirer ton sac. C'est dingue ça, putain, ‘un black, au secours, je planque mes affaires !'. C'est pas bien ça de juger les gens sur la couleur de peau.
- Alors, on va se calmer tout de suite. J'ai déplacé ma sacoche parce qu'avec le mouvement du métro, je la voyais se balancer vers ta queue. Je me suis dit que c'était plutôt moyen... Voilà, voilà...
- Ah, okay, okay... (il se marre, visiblement surpris) Désolé, je croyais que... avec le racisme... tu vois...
- Ouais, je vois que tu as aussi des préjugés : parce que je suis blanc, j'aurais peur que tu me voles... C'est pas bien de juger les gens sur la couleur de peau !
- Ouais, ouais... (il se marre à nouveau) »
La rame arrive à la station Jaurès, il se retourne vers moi et m'offre en clin d'œil complice en signe d'au revoir avant de descendre...

N'étant pas le dernier à donner de la voix à chaque fois que je suis témoin d'un acte de racisme, ce genre de comportement m'agace au plus haut point. Même s'il s'explique, même s'il est la conséquence directe de ce qui est vécu par ceux qui sont discriminés au quotidien, même si c'est peanuts par rapport à ce qu'ils endurent régulièrement...
J'ai toujours dit qu'en laissant passer, on accepte, et qu'en acceptant, on permet l'étape suivante. Alors moi, je ne laisse rien passer... Je monte aux créneaux, d'un côté, comme de l'autre...

Il y a quelques mois...
Je prends l'ascenseur avec mon nouveau voisin d'immeuble.
« - Bonjour. Quel étage ?
- Bonjour. Septième, merci.
- Comme je viens d'emménager au sixième, je ne sais pas trop qui est où encore.
- Alors bienvenue dans l'immeuble !
- J'espère que ça ne vous ennuie pas d'avoir un métisse juste en dessous de chez vous !»
J'ai été interloqué. Quelle curieuse phrase alors que je venais de lui souhaiter la bienvenue. J'ai donc pris une longue pause, inclinant lentement la tête sur le côté et examinant minutieusement son visage caramel avant de lui répondre :
« Ah oui en effet, vous êtes métisse... Je n'avais pas remarqué ! »
A son tour d'être scotché et de ne pas savoir quoi répondre... Je désamorce son petit embarras par un sourire et un clin d'œil...
« - Vous savez, il y a des gens qui n'associent pas systématiquement origines et comportements gênants. Mais si vous me faites chiez, vous pouvez être certain que je vous le ferai savoir. Et pas parce que vous êtes métisse, mais parce que vous aurez été un connard !
- Ah ah ah !
- Allez, sans rancune, on en discutera au diner des voisins. Vous avez vu l'affiche de Tina dans le hall ? Vous venez, j'espère ?
- Oui, oui, je serai là... »

Ça me gave que le racisme général dans ce pays ait fini par pousser des personnes à être sur la défensive en permanence, quitte à avoir eux-mêmes une attitude discriminante. Je me demande s'ils s'en rendent compte. Et surtout s'ils ont conscience que ces deux racismes s'alimentent l'un l'autre et progressent en cercle vicieux.

La semaine dernière...
Il disait, suite à un dossier du magazine Têtu, qu'il en avait assez d'être considéré comme une machine à sexe sous prétexte qu'il est black et serait bon amant. A tel point qu'il avait arrêté de croire qu'il pourrait tomber amoureux... Là encore, n'est-ce pas une généralisation abusive d'un comportement de quelques brebis galeuses à un ensemble peut-être plus tolérant ? Tout comme il est stupide de généraliser des talents sexuels à toute une population en fonction d'une couleur de peau... C'est regrettable.
D'autant plus qu'à agir comme cela, on risque de passer à côté d'une belle rencontre. Heureusement qu'il soit allé au-delà de ses réticences/préjugés pour finir, car à sa grande surprise, une histoire qui semble lui prouver le contraire vient de commencer...

Est-ce qu'il me viendrait à l'idée de devenir hétérophobe parce que quelques connards se vautrent avec plaisir dans l'homophobie ? Non. Je réponds à celui qui m'agresse, mais je ne sors pas mes griffes contre tous les hétéros. Ce serait ridicule (et épuisant!)...
Alors ne venez pas me faire suer avec les couleurs de peau, la votre, la mienne, la leur...
Certes je les vois, mais ce n'est pas ce que je regarde. Ni chez vous, ni chez moi, ni chez eux...

Entretien imaginaire avec Nicolas Sarkozy


Je viens seulement de lire l'interview du candidat Sarkozy par le magazine Têtu. Bien entendu, je me suis emporté. Pas tellement à cause des réponses du président-sortant (rien de neuf, on connait hélas son discours), mais à cause du manque de couilles du journal LGBT qui n'a pas eu le courage de le titiller plus que cela en le plaçant devant des contradictions flagrantes. A se demander s'ils ont envoyé au front le journaliste fashion ou people à la place du politique...

Têtu : Il y a un moment que nous désirions vous rencontrer pour connaître vos positions sur les questions intéressant les homosexuels, d'autant qu'il est très difficile d'obtenir une position unique de l'UMP...

Nicolas Sarkozy : Tout d'abord, permettez-moi de vous dire : les homosexuels sont des citoyens comme les autres. Ils ne sont pas réductibles à leur sexualité. (...) Il n'y a pas un problème homosexuel, il y a le problème des minorités. Il me paraît important d'avoir cela en tête quand on parle de cette question. C'est cette même discussion que j'ai eue avec le Saint-Père.
o°o Bon là, je crois qu'il vaut mieux que je prenne le relais* o°o

Orpheus : Mais Benoit XVI n'a pas son opinion à donner au président d'un état laïc...

NS : J'entends bien mais...

Orpheus : Et vous venez de dire que les homosexuels sont des citoyens comme les autres, mais non. Dans la mesure où certains droits, acquis à tous les citoyens français, leur sont refusés, il y a bien une différence sociale qui est affirmée par l'Etat. "Vous n'êtes pas des citoyens comme les autres", voilà ce que dit actuellement la République Française à plusieurs millions de ses citoyens.

NS : Vous parlez là de l'ouverture du mariage aux personnes de même sexe. Ma position a toujours été limpide sur le sujet. Comme cela impliquerait la possibilité de l'adoption par des couples homosexuels, je ne peux le concevoir, pour le bien de l'enfant.

Orpheus : Tout aussi discutable que soit ce point de vue "du bien de l'enfant", pourquoi tenez-vous absolument à amalgamer ces deux droits ? Une réforme du mariage est possible sans pour autant en faire une de l'adoption, même si vous...

NS : Soyez un tout petit peu honnête, vous contenteriez vous du premier sans le second ? Non, je ne le crois pas. Alors, je vais vous le dire comme je le pense. En 2007, j'ai pensé qu'on pouvait faire un contrat d'union civile en mairie. Après analyse, les juristes ont indiqué qu'il était anticonstitutionnel de réserver ce contrat d'union civile aux seuls homosexuels, qu'il devait être ouvert aux hétérosexuels...

Orpheus : Alors que cela ne pose aucun problème à ces mêmes juristes, et à vous-même par conséquent, qu'un droit soit réservé aux seuls hétérosexuels ?

NS : Dans ces conditions, j'ai estimé, à tort ou à raison, que ce projet n'était qu'un substitut qui viderait le mariage de sens. J'ai donc préféré amélioré le PACS en le mettant à peu près au même niveau que le mariage. Sauf, je vous l'accorde, en ce qui concerne la pension de réversion, qui coûterait 8 milliards d'euros : nous n'en avons pas les moyens, il a donc fallu y renoncer.

Orpheus : Puisque cela coûterait beaucoup, j'en déduis que cela concerne beaucoup d'individus qui se trouvent donc victimes d'une injustice, et souffrent ainsi d'un préjudice social et fiscal à cause de leur orientation sexuelle : c'est ce que l'on peut justement appeler de l'homophobie.

NS : Alors là, non, écoutez s'il vous plait. Je vais vous dire, je suis prêt à améliorer encore le PACS, on peut déjà le signer chez un notaire plutôt qu'au tribunal, je souhaite également faire en sorte qu'il puisse être signé en mairie, comme de nombreuses associations me l'ont demandé. Et ce même si des agglomérations sont réfractaires à cette idée. La cérémonie en mairie permettrait une vraie reconnaissance sociale, alors soyez gentil, ne me taxez pas d'homophobie.

Orpheus : Soit. Mais que penser alors des propos tenus par des membres de votre parti ? Je cite Brigitte Barèges, députée UMP qui en mai 2010 demande à propos de l'ouverture du mariage "Pourquoi pas avec des animaux ? Ou la polygamie ?". Je cite Nora Berra, secrétaire d'Etat à la Santé en avril 2011 "L'homosexualité est un facteur de risque pour le VIH". Je cite Jacques Myard, sénateur UMP qui qualifie l'homosexualité de "perversion sexuelle". Je cite François Fillon, Premier ministre en février 2012 "L'institution du mariage a un objectif qui est celui de la sécurisation des enfants. C'est un objectif qui ne me paraît pas compatible avec les couples homosexuels". Je passe sur les propos de Christine Boutin qui vous a apporté son soutien à l'élection. Je pourrais également citer la longue liste des déclarations de Christian Vanneste, député UMP depuis "l'homosexualité est une menace contre l'humanité" jusqu'à sa récente négation de la déportation homosexuelle.

NS : Vous savez très bien ce que je pense de ce genre de déclaration, elles sont choquantes et n'ont pas leur place dans la République. Je les condamne fermement.

Orpheus : Et moi, je condamne fermement la faim dans le monde, ce qui ne l'empêche pas de perdurer...

NS : Je comprends très bien votre agacement. En ce qui concerne M. Vanneste, j'ai récemment eu l'occasion de demander son exclusion. Moins d'ailleurs pour ce qu'il a dit la dernière fois que pour l'ensemble de ses déclarations. J'en ai assez. C'est choquant. Qu'il cesse. Cette obsession anti-homo... Pour vous dire la vérité, on est gêné pour lui. Je ne veux pas appartenir à la même famille politique qu'une personne qui pense ainsi.

Orpheus : Cela fait deux mois et à ce jour, 12 avril 2012, il est toujours membre de l'UMP.

NS : Certaines choses prennent du temps. Tout comme l'obtention de droits, il ne faut pas bousculer la société mais agir avec elle, surtout en période de fragilité et d'incertitude, comme celle que nous traversons.

Orpheus : Les récentes enquêtes d'opinion montrent justement qu'une large majorité des français est favorable à l'ouverture du mariage. Et même depuis peu que les français sont majoritairement d'accord avec celle de d'adoption. N'avez-vous pas l'impression de manquer le coche ? Vous parliez de référendum pour d'autres sujets plus secondaires, pourquoi ne pas soumettre cette question au peuple français ?

NS : Je ne pense pas que le système d'indemnisation chômage et la question du droit des étrangers soient des sujets annexes dans les préoccupations des français. Cela les concerne même davantage au quotidien que les droits des homosexuels. Mais je vais vous répondre. Si on dit le mariage, cela veut dire adoption. Je sais qu'il y a des couples homosexuels qui s'occupent parfaitement bien d'un enfant adopté. J'en connais. Et je le reconnais bien volontiers. Je sais qu'il y a des couples hétérosexuels qui s'occupent très mal de leurs enfants. De là à faire une loi pour dire qu'une famille c'est un père et une mère, ou deux pères ou deux mères, je ne le ferai pas.

Orpheus : Ceci n'est pas une explication mais une affirmation.

NS : J'y ai réfléchi. Cela pose en fait une autre question qui est le problème du statut de beau-parent. Que le beau-parent soit un père ou une mère. Je le suis avec Aurélien, je l'ai été avec les filles de Cécilia. J'ai une expérience personnelle de cette question compliquée des droits du beau-parent. Vous pourriez me dire que j'avais une proposition sur le sujet. Je ne suis pas arrivé à la faire passer. Pourquoi ? Parce que le divorce est toujours un moment de tension, de drame intime. Et faire reconnaître un droit au beau-père peut être vécu comme une remise en question des droits du père. De même pour une belle-mère. Je ne sais pas comment régler le problème aujourd'hui.

Orpheus : Vous bottez en touche. Ces problèmes seraient les mêmes pour tous les citoyens sans distinction de leur orientation sexuelle.

NS : Vous pouvez dire que j'ai reculé, oui. Ça ne me gêne pas. Je n'ai pas trouvé la solution.

Orpheus : Toujours est-il qu'à ce jour, l'APGL (Association des Parents et futurs parents Gays et Lesbiens) estime à plus de 50.000 le nombre d'enfants vivant dans des familles homoparentales, et que ces enfants, ces familles, se trouvent dans le flou en cas de drame, de séparation ou de décès, sans parler de considération...

NS : Je ne suis pas du tout dans le déni. Je ne fais pas de pirouette, je vous dis : je n'ai pas la solution. Mais la société est tellement déstabilisée par les changements qui affectent son image, par la représentation qu'elle se fait d'elle-même que je ne pense pas que le moment soit venu. Je pense qu'il faut laisser la situation en l'état, dans une zone un peu indécise, qu'on n'est pas obligé de légiférer sur tout, de voter des lois sur tout. Il y a un temps de maturation, un temps d'évolution. On est aujourd'hui dans une situation où il y a une grande compréhension, une grande tolérance, beaucoup d'humanité. Je ne suis pas sûr que la loi résolve tous les problèmes.

Orpheus : Malgré ce climat favorable dont vous parlez à juste titre, les agressions homophobes ne cessent d'augmenter, le rapport annuel 2011 d'S.O.S. Homophobie à ce sujet est alarmant avec plus de 1500 agressions et crimes, soit 300 de plus que l'année précédente, ce qui fait un peu plus de 4 actes homophobes par jour ! Quatre par jour !

NS : Moi, je considère que la question prioritaire, c'est la lutte contre l'homophobie. Il faut de l'éducation dès le collège, c'est là que les questions de sexualité se révèlent. Avez-vous vu le film Billy Elliot ? C'est un des plus beaux films que j'aie jamais vu de ma vie. C'est l'histoire d'un enfant d'une famille ouvrière qui veut être danseur. Et de quoi est-il victime ? De l'homophobie. Je ne suis même pas sûr qu'il soit homosexuel d'ailleurs, mais il est victime de l'image que les autres se font de lui. Et c'est le milieu le plus populaire qui soit.
 
Orpheus : Oui, très beau film en effet. Et avez-vous vu Polisse ? C'est l'histoire d'une Brigade de Protection des Mineurs, ça se passe en France, de nos jours. Et pas un seul des cas présentés dans ce film ne concerne une famille homoparentale...
 
NS : Pour tout vous dire, la lutte contre l'homophobie est beaucoup plus importante que la lutte pour le droit à la procréation ou pour l'adoption dans un couple homosexuel. Ce n'est pas un sujet de plaisanterie. Je vous rappelle, d'ailleurs, qu'une loi votée pendant mon quinquennat a fait de l'homophobie une circonstance aggravante.

Orpheus : Certes, mais les chiffres sont là pour montrer les limites de cette seule mesure. Et puisque vous parlez du rôle de l'éducation, l'Etat remplirait le sien en donnant l'exemple : considérer tous ses citoyens de la même façon, avec les mêmes droits. Cela mettrait également un terme aux discours vindicatifs de certaines associations familiales catholiques.

NS : De la même façon que, dans les gayprides, on entend aussi des discours virulents. Je ne suis pas sûr que les discours virulents fassent avancer la cause de qui que ce soit, d'un côté comme de l'autre. Il y aurait beaucoup à dire d'ailleurs sur la gaypride. C'est à la fois un phénomène positif, et en même temps, l'homosexualité ce n'est pas forcement un char rose. Moi, je n'ai jamais fait de l'homosexualité une question de gaudriole. Souvent, je me suis dit, si j'étais homosexuel, je serais content de la gaypride, qu'il y ait un jour où je puisse dire "j'existe", mais je ne serais pas content de certaines représentations qui sont faites de ma sexualité... La gaypride est utile, mais elle peut être caricaturale et réductrice.

Orpheus : Les côtés festifs et revendicatifs des marches LGBT s'expliquent historiquement par les événements de Stonewall que je vous invite à lire, vous verrez c'est passionnant de voir qu'une minorité qu'on croyait discrète, fragile et soumise ait réussi à s'affirmer et résister. Tant qu'une différence citoyenne perdurera, vous ne pourrez que faire avec cette virulence. Tant que cette différence perdurera, des jeunes gays n'auront en effet que ce jour pour dire qu'ils existent. Et pour ce qui est des chars roses, votre vision est réductrice, peut-être parce que vous ne la voyez qu'au travers du prisme des média. Il y a des chars de toutes les couleurs, parce que l'homosexualité est multiple, et cette unité parmi les différentes tendances est ce jour-là un bel exemple pour la France. Faites, comme d'autres hommes politiques, venez voir par vous-même !

NS : Pourquoi pas ? De la même façon que vous pourriez me demander si je peux aller à un concert.
 
Orpheus : D'après-vous, quelle image peut avoir de vous un homosexuel qui entend votre discours sur l'absence de solution, votre refus d'ouverture de droit, alors que vous pouvez vous montrer prompt à agir sur bien d'autres sujets, quitte à bousculer l'opinion. Pensez-vous être un homme moderne ?

NS : Je n'ai pas envie d'être moderne dans l'image. J'aime le changement, les réformes, les idées nouvelles et je fais avancer la société à ma manière. Je pense que dans la société, il y a des tensions, que la crise augmente les tensions, et qu'il faut y prendre garde. Et que je fais avancer beaucoup plus la cause en expliquant ce qu'est l'homosexualité.

Orpheus : M. Sarkozy, vous êtes père, et jeune grand-père, si un, une ou plusieurs qui sait, de vos futurs petits-enfants s'avéraient être homosexuel, pensez-vous sérieusement qu'ils pourront dire être de leur grand-père ?

NS : Je le crois. Est-ce que depuis que je suis président, l'épidémie du sida a reculé ? L'homophobie a reculé ? Les droits du PACS ont augmenté ? La réponse est oui.

Orpheus : Cette réponse n'engage que vous.

NS : Est-ce que parce que, parce que je n'ai pas défendu les droits du mariage homosexuel, je dois être l'ennemi d'une communauté dont je conteste l'existence ? Je ne veux pas qu'on définisse les homosexuels par leur sexualité. Mon problème, c'est que dans la minorité, ils ne doivent pas se sentir opprimés.

Orpheus : Et pourtant, ils le sont... Vous comprenez donc que certains puissent être sensibles aux discours d'autres candidats ? Même si on ne glisse pas un bulletin dans une enveloppe sur un seul sujet... GayLib, l'association fort controversée des homosexuel(le)s de l'UMP, vous a d'ailleurs retiré son soutien et ne fait pas votre campagne cette année.

NS : Je ne souhaite pas être le candidat d'une communauté, d'une association ou d'un sujet, mais celui de tous les français. Ils feront leur choix...

Orpheus : Le 22 avril et 6 mai prochain.

o°o

Mon choix pour le 22 avril est fait.
Ce n'est pas un mystère : je glisserai un bulletin PS comme je l'ai toujours fait.
Et pas seulement pour la position du candidat socialiste sur les droits LGBT (même si j'ai été plus que sensible à la présence d'images en ce sens dans son clip officiel de campagne).
Mon choix est fait. A chacun de faire le sien...

___
* Avec 95% de vrais morceaux du candidat Nicolas Sarkozy, extraits de l'interview à Têtu.
Je pense donc ne pas avoir trahi sa pensée une seule seconde...

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