RIP TETU

Aujourd'hui, le Tribunal de Commerce a prononcé le décès du magazine Têtu.
Je n'avais pas prévu d'en faire un billet, cela fait plus d'une décennie que je ne suis plus un lecteur du mensuel. Mais tout de même, on ne peut pas dire que Têtu n'a pas compté dans le paysage ellegébété. Alors, Salut l'Artiste ! Têtu est mort, Vive Têtu !

Flashback.
1992 : L'hebdomadaire Gai Pied disparait après 13 années de publications mensuelles puis hebdomadaires. Des amis, plus âgés, qui avaient grandi et s'était assumés avec ce magazine versent une larme. Je n'avais lu que quelques numéros, ramassés chez l'un ou l'autre. Je ne m'y retrouvais pas vraiment. Gai Pied Hebdo, je le voyais comme le mag des pédés à moustaches rétros (je me doutais pas qu'ils reviendraient en force 30 ans plus tard... mais ça c'est une autre histoire...). Pour moi, ce canard n'avait pas réussi à passer le cap et à s'inscrire dans les années 1990.
1995 : Naissance de Têtu Magazine le jour d'une GayPride. J'ai déjà fait ma construction, je m'assume pleinement, je n'ai pas besoin d'un magazine pour me réconforter ou m'aider. Néanmoins j'achète le premier numéro. Par curiosité. Et là je me dis "pas mal du tout ce magazine qui parle des pédés aux pédés tout en pouvant être lu par des hétéros". Je vois tout de suite le côté éducatif du truc. D'abord pour les jeunes homos en questionnement sur leur identité, et ensuite pour les hétéros en leur donnant une image de ce que peut être l'homosexualité. J'ai toujours pensé que pour conquérir des droits il fallait être visible. Et cette visibilité, Têtu la donnait. En ça je pense sincèrement que Têtu a œuvré pour la reconnaissance de l'identité homosexuelle et a apporté sa pierre à l'édifice pour l'obtention de droits.

Pendant une dizaine d'années, j'ai lu Têtu chaque mois, sans manquer un seul numéro.
J'étais complètement addict à la rubrique "Actus France / Actus Monde", une vingtaine de pages qui regroupaient les faits marquants de la vie LGBT sur terre, les avancées comme les drames. C'est con à dire mais c'est dans ces pages que j'ai appris qu'on pouvait être condamné à mort parce qu'on était homosexuel (Amnesty International ne marchait pas encore aux GayPrides où nous étions loin d'être aussi nombreux...). Plus tard le cahier Têtu+ et son actu VIH auront aussi toute mon attention, et je me plais à croire qu'elles ont eu un réel impact de prévention, d'éducation, d'information de la communauté homo et aussi de soutien aux personnes touchées par le virus.

J'ai toujours acheté Têtu en kiosque. Parce que j'aime l'acte volontaire d'aller chercher, plutôt que de le recevoir passivement comme une habitude. J'ai fait la guerre plusieurs années au kiosque à journaux du métro La Chapelle où le gars, à l'époque, rangeait Têtu avec les publications pornographiques. J'attrapais la pile et la posait parmi la presse classique en lui disant "Têtu n'est pas une revue porno !". Il m'avait coursé deux fois avant de se faire une raison et a fini par les ranger entre les mensuels féminins et les revues automobiles...

D'années en années ma lecture du magazine se résume de plus en plus à ce cahier Actus, à ces infos qu'on ne trouve condensées nulle part ailleurs. Je passe à vitesse grand V les publicités de plus en plus nombreuses. Je m'attarde de temps en temps sur un dossier si le sujet m'inspire, une interview d'un people...
D'années en années le dossier Actus Monde perd en nombre de pages.
Puis avec la nouvelle Rédaction, les pages modes s'étoffent. En janvier Têtu va te dire que le sac à main pour homme est un must-have et qu'il t'en coutera 500 balluches. En juin Têtu te dira que c'est complètement has-been et ringard.
Le cahier critique musique/littérature/ciné ne vaut pas mieux. On m'y vente des albums techno trop pointus que je n'ai pas envie d'écouter et on descend en flèche ceux que j'aime. Mais je n'ai jamais aimé lire les critiques, que ce soit dans Têtu ou ailleurs... Donc passons...
D'années en années, si le magazine gagne en pages, mon temps de lecture lui diminue considérablement.

Un jour, j'achète Têtu en me disant que je n'ai pas ouvert le numéro précédent qui traine toujours sur la table du salon... Je me suis dit qu'il était loin le temps où lire Têtu dans le RER était un acte militant. Progressivement, j'ai fini par arrêter de l'acheter. Juste un numéro de temps en temps, pour lire sur la plage en vacances ou dans l'avion. La lecture militante s'est mutée en lecture un peu honteuse. J'ai l'impression qu'on me regarde comme je regarderais quelqu'un qui lirait Interview...

J'ai racheté régulièrement Têtu à l'époque des débats sur l'ouverture du mariage. Il va sans dire que le magazine était dépassé, l'info allait plus vite que la presse. Nous avions les infos sur le net, Têtu n'apportait rien, pas même une analyse, juste un état des lieux, une trace figé sur papier pour la postérité...


Aujourd'hui Didier Lestrade a publié un texte avec la verve qu'on lui connait expliquant la débâcle du titre : "Têtu est devenu mou du cul". Je ne suis pas toujours en phase avec lui, mais sur ce coup, je partage assez sa vision de la chose.

Plus tard dans la journée, j'ai lu le Communiqué de Presse de Têtu annonçant sa fin. J'avoue avoir d'abord été ému et triste à la lecture de ces quelques lignes. Et puis est arrivé ce paragraphe :
"Une conjoncture économique difficile, des problèmes structurels de distribution, des agences de publicité pusillanimes… sont les causes principales des difficultés rencontrées. Mais aussi un lectorat gay largement démobilisé, heureux des avancées législatives récentes et désireux de ne plus se distinguer. C’est une erreur largement répandue parmi les gays de penser que l’indifférence à notre différence est définitivement acquise, qu’une page peut être tournée et qu’être ou ne pas être gay n’est plus, sur la place publique, pertinent."
J'ai été un peu agacé je l'avoue que le lectorat gay soit pointé ainsi du doigt. On a, je crois, le lectorat qu'on mérite, et si les militants se sont détournés de Têtu, c'est peut-être parce que Têtu ne l'était plus. Aucun recul de la rédaction sur l'orientation fashion du magazine en décalage avec la réalité ellegébété.
Triste chant du cygne.

Et demain ?
Je crois qu'une presse ellegébété est nécessaire. Parce que nous sommes, quoi qu'en pensent certains, une communauté. Parce que nous sommes vus comme une communauté. Parce qu'il y a besoin d'information, de soutien, de paroles, de prévention pour les jeunes homos comme pour les vieilles routardes... Parce que même si certains aspirent à être noyé dans la masse avec leur droit à l'indifférence, la réalité est que ce ne sera jamais le cas, nous serons toujours différents, pointés du doigt. Parce qu'il n'y a pas que les homos de France, la situation des homos dans d'autres pays moins tolérants mérite aussi d'être racontée. Parce qu'une presse communautaire est un moyen de laisser une trace dans l'histoire de ce qu'il s'est passé, de comment nous avons vécu et comment nous vivons. Parce que ce n'est pas faire du communautarisme (au sens péjoratif du mot) que de narrer tout cela.
J'espère qu'une revue avec ces idéaux naitra des cendres de Têtu.
Tiens, Phénix ne serait pas un mauvais nom à lui donner...

LEAVE FLIPPER ALONE !

Connaissant ma passion pour la plongée et la faune sous-marine, un ami pensant bien faire m'a envoyé aujourd'hui une photo de lui dans un parc aquatique avec des dauphins juste derrière lui. Effet immédiat sur moi : montée de fièvre, crise de colère et pulsion meurtrière !
"Mais pourquoi donc ?", me demande-t-on TOUJOURS quand je m'emporte sur ce sujet.
Oui, moi aussi, depuis mes tendres années où je voyais la série Flipper Le Dauphin, j'avais envie d'aller au zoo aquatique pour voir et si possible nager avec des dauphins. Mais ça c'était avant. Avant de voir The Cove.

The Cove

The Cove, la Baie de La Honte est un documentaire (Oscar du meilleur documentaire 2010, Sundance Audience Award 2010, et bien d'autres récompenses encore) de Louie Psihoyos centré sur le combat de Ric O'Barry pour la sauvegarde des dauphins. J'ai une admiration sans borne pour cet homme qui était le célèbre dresseur des dauphins jouant le rôle de Flipper, et qui a participé à l'essor des parcs aquatiques avant de les combattre de toutes ses forces.
Sa lutte l'a mené à Taiji au Japon, cœur névralgique de l'industrie mondiale des dauphins. C'est là qu'il a découvert ce massacre : En marge de la capture des dauphins pour les spectacles, chaque année ils sont plus de 23.000 à être trucidés sauvagement...

Quelques images valant mieux qu'un long bavardage maladroit, je vous ai fait un montage en seize minutes de ce documentaire d'une heure trente. Avant de te rendre dans un SeaWorld (ou autre Delphinarium), je te demande de regarder ceci et de te poser cette question : le spectacle était-il si beau que cela ?

J'espère que ce montage vous donnera envie de voir The Cove dans son intégralité, mais surtout qu'il vous sensibilisera à ne plus aller dans ces parcs d'attractions : vous y rendre, c'est cautionner financièrement tout ce système, y compris la politique de pèche intensive qui met en péril les fonds marins et l'équilibre de la planète...
Pour rien au monde, je me rendrais aujourd'hui dans un delphinarium où l'espérance de vie de ces cétacés est réduite de moitié. Je ne veux pas être complice de ça et du reste.

Deux fois dans ma vie de plongeur, j'ai eu l'occasion de nager avec des dauphins sauvages. La première fois en Mer Rouge, et la seconde, l'année dernière, lors de notre périple dans l'archipel des Saintes. Cette fois là, j'en ai même profité pour les filmer lors d'un de leurs passages. Souvenirs, souvenirs :

La beauté de la liberté, tout simplement.

Maintenant que ce soit clair, le prochain qui m'envoie une photo de lui dans un delphinarium ou nageant avec des dauphins en captivité, je lui démâte la gueule avec un harpon rouillé pour en faire des sushis.

Orpheus, aka Sœur Marie-Thérèse des Delphinidés

Monsieur le président, je vous écris une lettre que vous ne lirez pas. J'étais même sur le point de la jeter à la corbeille. Mais après tout, la différence entre publication et poubelle est si subtile parfois...

Moi, citoyen de la République, j'ai été invité à voter aux primaires de la gauche pour désigner le candidat qui devait affronter le président sortant. Votre nom n'est pas celui que j'ai glissé dans l'enveloppe, mais je me suis fait une raison.
Moi, citoyen de la République, j'ai fait campagne pour vous, à mon échelle, en donnant de la voix à chaque occasion qui m'était offerte pour convaincre opposants, indécis et potentiels abstentionnistes. Sans grand effort je l'avoue. J'ai toujours voté "socialiste", cette démarche me semblait d'autant plus naturelle qu'indispensable.
Moi, citoyen de la République, j'ai dansé la victoire. J'ai bu au départ de l'un en croisant les doigts pour l'autre tant je savais la tâche à venir ardue.

Moi, citoyen de la République, j'ai soufflé de soulagement quand votre gouvernement a osé tenir sa promesse d'ouverture du mariage et de l'adoption aux personnes de même sexe. Outre la joie de voir cette loi sur le plan de travail, j'y voyais aussi la volonté de tenir vos engagements de campagne.
Moi, citoyen de la République, je me suis aussitôt étranglé quand vous avez semé le trouble en parlant de "clause de conscience des maires" et quand vous avez fait différer la question de la PMA/GPA. Mais la loi a été promulguée, avec beaucoup d'émotions et non sans mal, le pas était franchi, les autres se feraient sous peu... La machine semblait en marche...

Moi, citoyen de la République, j'ai été abasourdi quand j'ai vu perdurer la violence de la politique d'immigration ainsi que l'abandon du droit de vote des étrangers, l'absence de décision sur les licenciements abusifs et les concessions faites avec l'ANI... Je ne vais même pas parler de la réforme de l'imposition, tellement je suis peiné de constater votre inaction en ce qui concerne l'évasion fiscale... Et j'en passe...
Moi, citoyen de la République, j'ai été plus que dubitatif en écoutant votre Pacte de Responsabilité avec les entreprises... Si sur le papier, cela pourrait fonctionner, il me semble illusoire d'espérer que celles-ci jouent le jeu. D'ailleurs à la longue, le Medef n'a-t-il pas plus intérêt à vous voir échouer que réussir ?
Moi, citoyen de la République, je n'oublie pas cependant de vous créditer pour des choses comme le non-cumul des mandats, la création de la Banque Publique d'Investissement, l'abrogation de la circulaire Guéant, la mutuelle entreprise obligatoire pour n'en citer encore que quelques-unes...

Moi, citoyen de la République, j'ai été lassé de votre façon de danser la politique en faisant un pas en avant, un sur le côté, pour mieux en faire un en arrière. En période de troubles économiques et d'agitations sociales, il convient de savoir tenir un cap. Tous les français ne partageront jamais toutes vos décisions, mais au moins ils sauraient sur quel pied danser.
Moi, citoyen de la République, je crois que vous vous efforcez continuellement de plaire à vos ennemis. Une colère aveugle et des préjugés d'étiquette les animent, vous ne les convaincrez jamais. Pourquoi ne pas tenter de satisfaire ceux qui vous ont élus ? A ce jeu-là, vous ne réussirez qu'une seule chose : être haï de tous.

Moi, citoyen de la République, j'entends des personnes qui ont contribué à votre élection jurer qu'on ne les y prendra plus. Je ne peux pas leur en vouloir... Vous aviez la possibilité de fidéliser un électorat qui avait exceptionnellement voté pour vous en rejet de votre prédécesseur. Vous êtes le seul à blâmer pour cet "epic fail" qui profitera à qui vous savez... Ils s'en mordront les doigts, mais le mal sera fait.

Alors bien évidement, je me suis posé aussi la question de mes votes à venir. Seront-ils "socialistes", "écologistes", "front de gauche" ?
Pour ce qui est des Municipales, j'aurais voté à nouveau avec plaisir pour Daniel Vaillant qui a été un maire brillant pour le XVIIIème arrondissement de Paris. Mais celui-ci respecte la loi de non-cumul des mandats et laisse sa place. Pareil en ce qui concerne Bertrand Delanoë qui a choisi de ne pas se représenter. Alors dois-je faire porter le chapeau de vos erreurs à leurs "poulains" respectifs ? Dois-je traduire une déception et une colère nationale sur un scrutin local ? Ce serait grotesque. Surtout qu'à Paris, la menace de voir Nathalie Kosciusko-Morizet l'emporter est trop importante. Et ça non. Merci. Vraiment. VRAIMENT.
Pour ce qui est des Européennes ? Finalement, je me dis que j'ai la même considération pour le "vote sanction" que pour le "vote utile".  Les deux ne sont pas bien intelligents. Après tout, je me dis que le "vote par habitude" ne l'est pas moins. Alors j'écouterai les discours des partis de ma sensibilité et voterai en conséquence, selon mes valeurs et tachant de ne pas y mettre trop d'affects.
Reste les Présidentielles de 2017...
Votre prédécesseur était un adepte de la Raffarinade "ce n'est pas la rue qui gouverne" et faisait fi des milliers de manifestants contre sa politique des retraites ou même d'un référendum européen... Je trouvais cela abjecte. Néanmoins, vous avoir vu la semaine dernière abdiquer sur la Loi Famille et l'éventualité de la PMA à cause de manifestations religieuses et extrémistes de droite a été la goutte d'eau qui a fait déborder le vase. Ne pensez pas qu'ils vous en seront reconnaissants, ils vous détesteront toujours autant et voudront toujours votre démission, ou comment se faire arracher le bras en donnant la main... En cédant aux extrêmes, vous mettez en danger les valeurs de la République et ouvrez une boite qu'il vous sera bien difficile de refermer.
Vous m'avez perdu sur le plan politique. Qu'en est-il du plan humain puisque celui-ci semble peser dans la balance présidentielle ? Libre à vous d'avoir les histoires de cœur qu'il vous plait. J'entends dire ici et là qu'un Président doit mettre sa vie personnelle de côté le temps de son mandat. Moi, ça me ferait flipper que le pays soit entre les mains d'un homme frustré par un trop plein de testostérones. Valérie a subit le sort qu'elle avait fait connaitre à Ségolène. C'est triste pour elle, mais ainsi va la vie. Maintenant, il y a une façon de faire. Votre communiqué AFP la congédiant était d'une rare goujaterie. "Je fais savoir que j'ai mis fin à la vie commune que je partageais avec Valérie Trierweiler". Un "nous" ou une formulation impersonnelle aurait eu tellement plus de respect et de classe. Manifestement, votre égo en manque cruellement.

Pour toutes les raisons évoquées dans cette lettre, sachez que Moi, citoyen de la République, j'aurais beaucoup de mal à voter à nouveau pour vous au premier tour en 2017. Il vous reste trois ans pour me faire changer d'avis.
L'idéal serait peut-être que vous ne vous soyez pas candidat à votre succession...

Citoyennement votre,

Yann P.

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