Lettre à l'enfant

Il se peut qu'un jour proche, nous, homosexuel(le)s, ayons le droit de nous marier et d'avoir des enfants. Aujourd'hui, 18 novembre 2012, alors que dans les rues nos opposants défilent, insultent et vocifèrent contre nous, contre nos droits à être considérés comme tout autre citoyen, j'ai envie d'écrire une lettre à l'enfant que je n'aurai jamais, de raconter à cet adolescent imaginaire ce par quoi est passé celui qui aurait pu être son père.

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Mon P'tit Bonhomme,


Ton père n'était pas encore né quand à Stonewall les homosexuels sont sortis pour la première fois de leurs placards pour dire "Assez de discriminations". C'était en 1969. Ton père ne se savait pas encore homosexuel quand sous l'impulsion de François Mitterrand l'homosexualité a été retirée de la liste des maladies mentales de l'Organisation Mondiale de la Santé, c'était seulement en 1981. Mais ton père a marché dans les rues, a donné de la voix, a beaucoup écrit pour que les gays, lesbiennes, bi, trans soient reconnus par la France, que nous ne soyons plus discriminés, que nous ayons les mêmes droits que les autres citoyens. Nous avons eu cette première victoire du PACS qui ne s'est pas faite sans peine. Des mots comme "les pédés, au bûcher !" résonnent encore dans mes oreilles. Nous avons finalement obtenus une certaine reconnaissance avec quelques droits civiques.

Tu te demandes peut-être pourquoi je n'en suis pas resté là, pourquoi j'ai continué à me battre. Après tout, je n'ai jamais souhaité me marier. J'ai toujours considéré que le PACS était un compromis boiteux, en contradiction avec la Constitution qui dit que "les citoyens naissent et demeurent libres et égaux en droits". Pourquoi, alors qu'ils ont les mêmes devoirs que les autres citoyens, les homosexuels n'auraient pas les mêmes droits, dont celui de se marier. Et puis je ne pense pas être quelqu'un d'égoïste. Ce n'est pas parce que le mariage ne rentre pas dans mes objectifs de vie personnelle que je ne pense pas à mes ami(e)s qui eux en ressentent le besoin. Par ailleurs l'ouverture du mariage permet l'accès à l'adoption et à la filiation. Certes, les homosexuels n'ont pas attendu une loi pour devenir parents, il existe déjà de nombreux enfants qui vivent dans des familles homoparentales. Mais ceux-ci ont besoin d'un cadre légal, d'être protégé en cas de malheur. Je pense également à tous ces jeunes qui se découvrent homosexuels, cela peut être difficile à assumer, encore plus s'ils ressentent les préjudices d'une différence sociale. L'égalité des droits leur permettrait de s'épanouir plus sereinement.
Tu comprends maintenant pourquoi cette lutte pour l'égalité des droits est tellement importante pour moi.

A l'heure où je t'écris, il y a des gens qui protestent dans les rues. Eux ne réclament pas l'égalité des droits mais l'abandon du projet de loi. Je m'attendais à une levée de boucliers contre nous de la part des familles religieusement intégristes ou de celles trop conservatrices, je m'attendais à des insultes. J'en avais juste minimisé la violence. J'ai beau avoir une épaisse carapace, je t'avoue que j'ai été atteint comme rarement. J'imagine le traumatisme qu'ils peuvent causer à d'autres peut-être plus fragiles que moi. Ils se réclament des valeurs familiales et en donnent un bien piètre exemple. Je plains leurs enfants. Je pourrais démonter par la raison leurs arguments un à un comme je l'ai déjà fait, mais à quoi bon, on ne raisonne pas un homophobe. Je pourrais m'égosiller à leur répondre sur le même registre de l'insulte, mais à quoi bon, ça m'aurait soulagé juste deux minutes sans résoudre quoi que ce soit.
Je crois que leur haine vient principalement de la peur stupide d'une éventuelle perte d'avantages, et surtout de leur peur de la différence. Je crois aussi que c'est en cela que nous avons réellement besoin d'une loi sur l'égalité des droits. Sans elle, l'Etat montre qu'il y a en effet une différence et encourage implicitement les homophobes sur le terrain de la haine. Avec elle, l'Etat joue son rôle éducatif et participe à la lutte contre l'homophobie.

J'aurais tellement aimé que les débats sur l'ouverture des droits se fassent différemment. J'aurais aimé que les média écrits et télévisés n'emploient pas à outrance le terme "Mariage Homosexuel" comme ils l'ont fait jusqu'à présent. Cette expression est anxiogène chez nos opposants. Un simple "Réforme du Mariage" aurait été source de bien moins d'irritations.
J'aurais aimé que les média ne se jettent pas sur la moindre déclaration homophobe pour faire de l'audience ou vendre du papier. Ont-ils conscience qu'ils alimentent un fleuve empoisonné ?
J'aurais aimé qu'une chaîne de télévision organise dès la présentation du projet un grand débat avec en plateau des politiques, des représentants des associations de tous bords. Chacun aurait exposé calmement ses souhaits et ses craintes, les questions auraient été posées, les réponses données. J'aurais aimé que le Service Public joue son rôle.
J'aurais aimé que soit appliquée la loi n° 2003-239 du 18 mars 2003 pour la sécurité intérieure qui fait des discriminations et insultes fondées sur l'orientation sexuelle une circonstance aggravante et qu'elle punisse ceux qui confondent "débat publique" avec "guerre idéologique".
J'aurais aimé plus d'intelligence et de respect. Tout simplement.

Malgré ce qu'il se passe dans les rues, je suis confiant. Nous allons obtenir cette égalité des droits que nous réclamons depuis tant d'années. J'ai confiance en la Ministre des Affaires Sociales, Marisol Touraine, qui tient bon face à la grogne et renouvelle son engagement et celui du gouvernement. Mais comme je garde un mauvais souvenir du premier passage du PACS à l'Assemblé Nationale où les députés de gauche ont eu une faiblesse, je vais tout de même garder les doigts croisés dans le dos. Oui, j'y crois, j'en suis certain.
Comment pourrait-il en être autrement alors que d'autres pays ont déjà légiféré ou évoluent en ce sens ?
Comment pourrait-il en être autrement sans provoquer une gayrilla !

Un jour viendra où la loi sera votée et promulguée. Ce jour là sera pour moi un grand jour de fête. Je me vois sourire à m'en fendre le visage, je me vois soulagé. Toi qui me connais bien, tu vas dire que tu me vois avec des larmes plein les yeux. J'imagine que nous ferons une grande fête avec ton autre père, avec nos ami(e)s, nos familles, sans oublier nos soutiens. Quel bonheur ce sera de déposer les armes après tant d'années de luttes et d'humiliations. EGAUX, ENFIN !
Je vais dire aussi que j'espère avoir le triomphe humble et respectueux. Mais toi qui me connais bien, tu sais aussi que je vais avoir du mal à ne pas persifler dans les oreilles de ceux qui m'ont trop agressé. Je déplore par avance ce mauvais exemple que je te donnerais alors...

Je ne sais pas si tu seras toi-même homosexuel. Je sais juste que je suis fier d'avoir modestement œuvré à mon échelle pour qu'au cas où, tu ne connaisses pas les discriminations que nous avons vécues, fier de te laisser un monde où tu pourras grandir et t'épanouir comme tu le souhaites, sans aucune restriction. Peu importe ton orientation sexuelle, tu auras le choix, tous les choix.

Je t'embrasse,

Ton père qui t'aime.

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Si j'ai articulé ainsi ma contribution à "C'est la lutte nuptiale !" c'est aussi parce que j'ai conscience du passage de relai. La génération LGBT avant la mienne a combattu pour être acceptée, la notre pour l'égalité. La lettre à un enfant me semblait un angle pertinent pour incarner cette notion de transmission d'héritage. J'espère que la prochaine génération aura a cœur de mettre son énergie dans la lutte contre l'homophobie. Il y a encore tant à faire.

Certains se demanderont peut-être pourquoi j'ai écrit en introduction "lettre à l'enfant que je n'aurai jamais". Tout simplement parce que pour moi, c'est à la fois trop tôt et trop tard.
Trop tôt parce que je ne suis pas certain d'être assez responsable aujourd'hui. Etre un bon parent c'est aussi savoir qu'on n'est pas prêt pour l'être.
Trop tard parce que lorsque j'aurai cette maturité, je serai probablement trop vieux pour être un bon père.
Mais comme l'écriture de ce billet m'a ébranlé un peu plus que je ne le pensais, je me dis que peut-être... un jour... après tout... un adolescent ?

Mais que deux choses soient bien claires :
Même si je ne veux pas me marier, je veux assister à vos mariages.
Même si je ne veux pas adopter, je veux être le parrain d'au moins un de vos enfants !

 

 

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Toi aussi, participe à "C'est la lutte nuptiale !" en cliquant ici pour plus d'infos

♥ Kiss-in ♥

Kiss-in 15-11-12 It's LuvHier, près de mille personnes se sont rassemblées devant l'Hôtel de Ville, des pédés, des goudous et aussi quelques hétéros sympathisants. Tous avaient choisi de venir s'embrasser symboliquement en militant pour l'ouverture des droits aux personnes de même sexe, et pour manifester leur agacement vis-à-vis de la violence des propos de nos opposants. Un acte engagé et le doigt d'honneur le plus classieux qu'il pouvait être fait à ceux qui refusent de voir l'égalité de nos sentiments.

Le lieu n'était pas innocent, l'Hôtel de Ville. C'est bien là que nous souhaitons être reconnu comme tout autre citoyen français. La date non plus : le 15 novembre marque l'anniversaire du PACS, 13 ans déjà. Et depuis, rien, ou presque.

Kiss-in 15-11-12 Place de l'Hôtel de VilleN'ayant pu assister à la manif' de la semaine dernière, c'est avec plaisir que je m'y suis rendu la fleur au fusil avec mon appareil photo.
19h00 le signal est lancé, les couples commencent à s'embrasser, je mitraille.
Et puis un étrange frisson me parcourt l'échine, la gorge se resserre, la vision se trouble. J'arrête d'appuyer sur le déclencheur.
Hé ! Mais qu'est-ce qu'il m'arrive ?!?
Serait-ce parce que je suis là, seul, au milieu de tous ces couples et que mon homme est à 600 bornes ? Peut-être. Mais nous avons appris à gérer la distance et ses conséquences. Cela ne m'atteint (presque) plus. Serait-ce parce que je suis impatient de pouvoir me marier ? Non, certainement pas. Je veux juste avoir le choix, comme tout le monde, et notre choix est fait : ni PACS ni mariage pour nous.
Mais alors quoi ?
Certainement cette déferlante d'amour autour de moi.
Depuis l'apparition de cet Engagement 31 du président Hollande, nous sommes quotidiennement insultés par des politiques, des associations, des religions, des anonymes. Alors j'ai enfilé mon armure pour me protéger, et mes modestes armes pour lutter comme je le peux contre tous ces homophobes qui nous pourrissent l'existence.
Je crois que ce Kiss-in a fait tomber la cuirasse et je me suis pris tout cet amour en pleine poire. C'était beau, c'était bon. Il y avait un peu de cette prétention qu'ont les favoris dans un combat : "Regardez, ceci est notre réponse. Nous allons gagner, nous le savons".
Je crois que pendant ce Kiss-in mon angoisse de l'échec de nos revendications s'est envolée. Quelques heures seulement. Oui, hier, Place de l'Hôtel de Ville ça fleurait bon la victoire imminente.
Comment pourrait-il en être autrement ?

En pareille situation, quand l'émotion me submerge, je me réfugie souvent derrière l'humour et la grivoiserie. Chacun ses ruses. Ce qui a donné un échange sympathique avec un beau brun :

Lui : Hé, faut pas se mettre dans cet état !
Moi : Ouais, mais c'est trop beau. Dommage qu'il n'y ait pas plus de monde.
Lui : Il n'y a pas eu beaucoup de pub autour, le bouche à oreille n'a pas fonctionné.
Moi : Ouais. La prochaine fois faudra dire Anulingus-in à la place de Kiss-in !
Lui : (rires) Pas con ça ! Mais pas en novembre, ça caille trop pour ça.

Kiss-in 15-11-12

Sur le chemin du retour, la pertinence du mode shuffle a fait des merveilles en m'offrant dans le conduit auditif direction droit au cœur It's Love de Jimmy Somerville.

♪♫
It's love, it's love
Well, who would have thought it
If this is love
Then why have I fought it

What a way to feel I could touch the sky
What a way to feel I have found my guy

It's love at last
I have someone to cheer for
It's love at last
I have learn what we here for

I heard it's said
You know it when you feel it
Well I feel it, I know it
It's love

It's love, it's love
Well, who would have thought it
If this is love
Then why have I fought it

What a way to feel I could touch the sky
What a way to feel I have found my guy

It's love at last
I have someone to cheer for
It's love at last
I have learn what I am here for

I heard it's said
You know it when you feel it
Oooh I feel it, Oooh I know it, Oooh I see it
Thanks, it's love
♪♫

Mêle-toi de tes fesses, je me charge des miennes

Pierre Van Ommeslaeghe

Depuis des années, nous, LGBT, sommes contraints de répondre et de nous battre, dans la rue, dans nos boulots, sur nos écrans de télévision, sur internet contre les homophobes de tous poils...

Après les extrémistes religieux et les conservateurs de droite aux idées étroites, je ne pensais vraiment pas devoir m'en prendre à un Professeur de Philosophie. Mais après tout pourquoi pas : la connerie n'a ni sexe, ni couleur, ni âge, ni religion, ni orientation sexuelle. Pourquoi aurait-elle une profession ? Il peut bien y avoir des professeurs de Philosophie catholique-extrémiste de droite !

Donc, voilà que Pierre Van Ommeslaeghe, un Professeur de Philosophie, lance une diatribe pour nous appeler à la raison contre l'ouverture du mariage et de l'adoption. J'avoue avoir d'abord cru à de l'ironie de caniveau, d'un second degré en l'absence de premier, mais il semble bien que non. J'aurais pu lui répondre là-bas mais mon commentaire aurait été plus long que son "propre" billet. C'est donc ici que je vais exercer mon droit de réponse point par point.

"Appel aux pédés et au gouines" > Rien que le titre est une plaisanterie. Non mais de quel droit ? Est-ce que j'en appelle moi aux autres profs ou à l'Education Nationale pour vous raisonner ou même demander votre exclusion ? Ce serait ridicule. Pourtant si j'en juge par l'étroitesse d'esprit de vos arguments pour un prof de philo, il serait judicieux qu'on vous empêche de nuire à l'épanouissement intellectuel de nos (futures) têtes blondes (et brunes). Et puis cette photographie issue de la Cage aux Folles qui vient chapeauter votre article ! Le ton est donné, on sera dans des clichés d'un autre temps.

"[être homosexuel] vous classait dans la catégorie des artistes, aventuriers et autres personnages troubles que la société tolérait" > Dès le premier paragraphe, vous essayer de faire rentrer dans des cases des individus aussi différents les uns des autres que les hétérosexuels peuvent l'être. Grossière erreur de généralisation. Ces homosexuels là n'étaient que ceux qui avait eu le courage de sortir de leur placard. Vous occultez ainsi les (centaines de) milliers d'autres anonymes qui faisaient face, seuls et à leur manière, fière ou honteuse, à l'opinion de leur voisinage et de la société.

"Il ne serait jamais venu à l’idée des gouines et des pédés de l’époque de réclamer le bénéfice du mariage." > Je pourrais vous demander si vous aviez à l'époque organisé un sondage représentatif pour pouvoir affirmer une telle généralisation. Mais à la limite je veux bien essayer de le croire. Quand la Loi de l'époque désigne votre sexualité comme une maladie mentale, vous évitez de lever le petit doigt en disant "s'il vous plait, est-ce qu'on pourrait s'occuper de mes droits au mariage et à l'adoption". Si nos ancêtres LGBT n'ont pas réclamé ces droits, ce n'est pas parce qu'ils n'en voyaient pas l'intérêt, mais tout simplement parce qu'il y avait bien d'autres combats à mener avant celui là. Celui de la dignité avant celui de l'égalité.

"Aujourd'hui (...) ils ont un loft dans le Marais, un conjoint, un jack russel, parfois même des enfants." > Au secours ! Alerte Clichés !!! Tous les LGBT cotisent d'ailleurs chaque année à l'association du fameux Lobby Gay qui telle les francs-maçons infiltre la politique, les média, les arts et l'industrie française afin d'éradiquer l'hétérosexualité... Vous voyez, moi aussi je peux avoir l'exagération facile. Donc ne vous en déplaise, oui, aujourd'hui certains d'entre nous ont un niveau de vie décent, versent au Trésor Public en conséquence comme tout autre citoyen et ont des exigences qui vont avec. Mais si ça peut vous consoler il existe également des homosexuels au chômage.

"Sans doute imaginent-ils que le mariage, célébré par un maire (...), confère au couple une protection magique contre l’affaiblissement du sentiment amoureux." > Depuis le temps que nous réfléchissons sur la question, vous pensez bien que nous avons passé l'âge de croire aux contes de fées. Nous ne voyons pas le mariage comme une protection magique mais comme une reconnaissance de l'état, statuant ainsi que nous sommes comme tout autre citoyen. Puisque nous avons les mêmes devoirs vis à vis de la société, nous demandons simplement à l'Etat de nous octroyer les mêmes droits. Y compris celui d'être unis à celui/celle que nous chérissons plus que tout, y compris celui d'espérer que ce sera pour le meilleur et pour le pire. Et pour ce qui est de la durabilité de l'union, je viens de téléphoner à la Mairie de mon arrondissement pour vérification, la fameuse phrase "jusqu'à ce que la mort vous sépare" ne fait pas partie du cérémonial civil, il est réservé au folklore religieux. S'il y a donc une protection magique à convoiter, autre erreur grossière de votre part, ce n'est pas vers les Mairies et l'Etat français que nous devons nous tourner mais vers les Eglises, le Vatican, la Mecque et j'en passe...

"Le mariage civil ne confère, lui, aucune grâce et n’est là que pour compliquer la séparation quand la passion originaire, inévitablement, disparaîtra. Car la passion ne dure pas." > Votre femme si vous êtes marié, ou votre compagne doit être enchanté de lire ceci. Pour ma part, 13 ans que je suis en couple avec le même bonhomme et je suis toujours aussi éperdument amoureux qu'au premier jour. Si vous croyez réellement cela, que la passion s'effrite avec les années, venez me voir avec celle qui vous supporte, j'aurais quelques recettes et techniques pour vous apprendre à raviver la flamme ! Vous avez encore tout à apprendre me semble-t-il.

"Un écrivain à la mode estime que l’amour dure trois ans. Il confond l’amour dans la passion, mais il n’a pas tort." > Alors là, c'est petit et mesquin ! S'appuyer sur un auteur/réalisateur tel que Beigbeder pour valider vos propos, et cela sans le nommer pour ne pas vous discréditer. Permettez moi de pouffer de rire. A ce compte là, je vous oppose Lady Gaga et son Born This Way, ou encore Zazie et son Adam & Yves s'il vous faut des références françaises bien de chez nous. C'était la minute lol.

"[L'Etat] n’a pas à juger de l’amour de ses citoyens pas plus que de leur pratiques sexuelles, de leurs névroses ou de leurs sentiments en général. Par contre il lui importe qu’ils fassent des enfants. Sinon, plus de citoyen et donc plus d’État." > Oh l'odieuse manipulation philosophique que voilà ! On commence par affirmer quelque chose de consensuel, voire d'irréfutable pour en déduire, sans la moindre démonstration, une autre chose qui vous arrange et qui est faux de surcroit. 1 - La France n'est pas en déficit de natalité, donc inutile d'agiter les drapeaux de danger. 2 - L'ouverture du mariage aux LGBT ainsi que l'adoption ne nuiraient pas à la natalité, bien au contraire. Puisque nous demandons également à pouvoir être parents, ce n'est pas pour élever des poireaux et des courges mais bien des enfants, que ceux-ci soient adoptés, issus d'éprouvettes ou que sais-je encore. Au final, plus de familles civiles et plus d'enfants dans un cadre familial reconnu par la Nation : mission accomplie !
Par ailleurs, avez vous conscience que l'extrapolation fumeuse de votre pensée pourrait amener la dissolution des mariages des couples hétérosexuels stériles ? De plus, à ce que je sache, le Maire n'exige pas actuellement des futurs époux et épouses qu'ils donnent une descendance au drapeau français. La parentalité est un choix indépendant du mariage, preuve en est, les couples non mariés avec enfants. Limiter le mariage à la procréation est un axe qui vous arrange certes mais qui reste un bug dans le programme de votre réflexion.

"On sait qu’un mariage sur trois se termine par un divorce." > Ce serait donc le mariage hétérosexuel qu'il faudrait interdire ou réformer en profondeur ? Non, blague à part. Quand bien même il n'y aurait qu'un mariage sur dix qui résisteraient à l'épreuve du temps, de quel droit vous permettez vous de penser que les homosexuels n'ont pas le droit de courir ce risque, de miser sur la case rouge du tapis vert de l'amour, d'empocher la mise, de passer par la case départ et de toucher les 20.000 euros de la liste de mariage !
On dit "ne fait pas à autrui ce que tu ne voudrais pas qu'on te fasse", j'ai l'impression que pour vous, il s'agit surtout d'"interdire à autrui de faire ce que vous auriez aimé qu'on vous interdise". Hélas pour vous, nous refuser les droits que nous demandons, ne vous permettra pas de résoudre les petits problèmes de votre vie, ni de régler vos pensions alimentaires (Voyez comme moi aussi, je peux fantasmer la vie des autres ! Je tremble d'ailleurs à l'idée que vous puissiez avoir des enfants, pour leur bien suprême !).

"(...) la difficulté qu’il y a à supporter les défauts de quelqu’un, ne serait-ce que quelques mois." > Toute ma sympathie à votre amie/compagne/femme et ma reconnaissance pour son courage. Moi, il m'a suffit de trois minutes, le temps de vous lire, pour vous détester.
J'ai de la peine pour ces femmes qui vous ont accordé leurs faveurs, parce qu'avec tous ces homos le choix d'hétéros se restreint, parce qu'avec votre situation professionnelle elle pouvait envisager un avenir serein ou peut-être juste un restaurant avant de passer à la casserole, ou parce qu'elles ont été lassées de chercher tout simplement... (Comme c'est amusant de juger autrui sans savoir, vous avez peut-être raison après tout.)

"C’est qu’un couple marié, c’est une maison en commun, un compte-joint, des dettes communes… Bref, un ensemble de liens bourgeois qui fait qu’on a plus intérêt à rester dans des routines confortables que de se séparer, d’entamer une procédure de divorce longue et coûteuse, et de risquer de se trouver seul à un âge où notre attrait physique a pour le moins diminué. Tout cela pour le plus grand bien des enfants du couple." > Si en effet un couple marié se résume pour vous à cela, tout s'explique. Mais passons. Sachez néanmoins puisque vous en parlez que les couples LGBT sont déjà confrontés à l'achat d'une maison en commun, au compte-joint et aux dettes communes, et qu'en l'absence de lien civil reconnu comme le mariage (et oui, le PACS est bien peu de choses), les choses sont bien plus complexes pour nous que pour nos amis hétérosexuels dans la même situation. Et puisque vous parlez encore de la rupture et de ses conséquences sur le plus grand bien des enfants du couple, sachez qu'il existe déjà des enfants dans des familles homoparentales et que si nous demandons le droit au mariage/adoption c'est aussi pour que ces enfants soient civilement reconnus et que les risques/traumatismes éventuels qui découleraient de la séparation de leurs parents soient minimisés par un cadre légal. Vous voyez, vous n'êtes pas le seul à penser au bien de l'enfant.
Je vais passer sur votre tirade de l'attrait physique qui avec l'âge serait une raison de vouloir rester en couple. Quelle vision limitée du sentiment amoureux que voila encore ! Vous n'êtes pas ce qu'on peut appeler légitimement un bel homme, alors dans votre cas la déchéance mentale est plus à redouter que le physique.

"Mais alors, quel intérêt pour des homosexuels de se marier ? Les enfants ? Il faut encore un homme et une femme pour cela." > Vous pensez déjà avoir évoqué toutes nos raisons que vous passez déjà à la conclusion. Thèse, antithèse, synthèse m'a-t-on appris en cours de philosophie. Vous n'avez qu'ébauché la première partie jusqu'à présent. Mais puisque vous en parlez, oui, la parentalité fait bien partie de nos revendications. Et non, il ne faut pas un homme et une femme pour cela. Tout simplement parce que le sentiment et le désir de parentalité sont aussi naturels chez nous que chez vous. L'homoparentalité existe déjà de "manière clandestine", des dizaines de milliers d'enfants sont déjà élevés en familles homoparentales, ceux-ci se trouvent dans un vide juridique et citoyen et ont besoin de la reconnaissance civile de leurs parents pour se développer sereinement, affronter l'homophobie latente de tous les jours et être protégés en cas de malheur. Ces enfants ont besoin de la sécurité que l'Etat offre par le mariage aux enfants des familles hétéroparentales. Il en va de leur bien suprême pour reprendre une expression si chère aux homophobes qui utilisent cet argument.

"Ce mariage ne peut apporter que des inconvénients aux homosexuels sans aucun avantage." > Et voici la phrase qui tue, qui tombe comme un couperet. Tremblez, homosexuels, l'heure de votre fin approche ! Non mais je rêve... De philosophe vous passez allègrement à faux prophète ou prédicateur. J'ai juste envie de vous répondre "Et quand bien même !". Puisque nous réclamons l'égalité citoyenne avec les couples hétérosexuels, si cela devait s'assortir de la perte d'avantages que vous fantasmez en notre possession, je pense que nous sommes prêt à l'accepter. Plus citoyen que ça, tu meurs !

"Mes amis pédés et gouines, rejetez cette prétention insensée au mariage." > Je ne suis et ne serai JAMAIS votre ami. Et je n'apprécie pas dans votre bouche, les vocables "pédé" et "gouine" que je peux sans aucun problème accepter dans d'autres. Est-ce une familiarité affective pour dédouaner votre ramassis de sottises à la manière de ceux qui disent "Je ne suis pas raciste, j'ai une amie plus noire qu'une arabe" ?

"Voulez-vous des enfants ? Mariez-vous avec un homo de l’autre sexe, vous en avez tout à fait le droit. Faites-lui l’amour quelques minutes en pensant à autre chose, le temps de faire un enfant." > Je ne m'abaisserai pas à qualifier votre notion de "faire l'amour", elle est toute aussi pitoyable et insultante que votre argumentation. Mais plus grave que cela, si je comprends bien, vous nous suggérez le mensonge à l'Etat. Désolé, mes parents hétérosexuels m'ont élevé différemment. Et si j'avais un enfant à éduquer, ce sont ces mêmes valeurs de respect et de vérité que j'aimerais lui transmettre. Mais qui a fait votre éducation ? Quels parents avez-vous eu ? Quels philosophes avez vous lu pour que votre pensée soit aussi corrompue ? Quels ont été vos professeurs qui ont tant foiré votre instruction ?

"Croyez-vous que chez les couples hétéros le désir soit toujours présent ?" > Mais cessez-donc de prendre votre cas pour une généralité ! Que ce soit chez les couples homosexuels comme hétérosexuels ! C'est douloureux de lire tant de misères et de frustrations sexuelles à la longue. Le désir s'entretient au jour le jour. J'ai l'impression qu'en matière de pensée, de droit comme d'amour, vous avez une fâcheuse tendance à tout vouloir considérer comme de l'acquis. Un conseil : rentrez chez vous, et essayez de faire l'amour comme au premier jour à celle qui vous supporte, essayez de donner du plaisir avant de vouloir en prendre ou d'accomplir un acte mécanique.

"Faites donc comme eux si vous voulez être comme eux. Vous aurez toujours l’avantage sur eux de pouvoir prendre un amant pour le plaisir, sans avoir à mentir à votre conjoint qui fera de même." > Il ne manquait plus que ça en guise de conclusion : le fameux couplet sur le libertinage présumé et assumé des homosexuels. Et encore une généralisation abusive qui de plus minimise implicitement l'infidélité dans les couples hétérosexuels. La fidélité, c'est ne pas aller au delà des limites que l'autre a fixé pour vous. Prenez une feuille et un stylo, je ramasse la copie dans deux heures.

Vous êtes sur un site qui se dit être "Le cercle des empêcheurs de penser en rond". Essayer seulement de penser juste, ce sera déjà pas si mal.
Bien évidement, j'ai lu quelques commentaires lâchés au bas de votre article. Il en est comme votre article : de l'indigeste diarrhée verbale. Vous pensiez nous sauver par votre mise en garde, vous ne faites que conforter des homophobes en leur donnant un espace supplémentaire où déverser leur haine. Belle philosophie. Vous m'avez déjà épuisé à vous répondre. Je ne prendrai pas la peine d'en dire plus aujourd'hui.

Cordialement

Yann



oOo

Ce qui m'inquiète le plus dans les propos de ce petit homme et de ceux qui nous agressent régulièrement en cette période d'ouverture des droits, ce ne sont pas tellement les idées, elles se démontent les unes après les autres aussi facilement qu'un château de carte. Non, je suis effaré par l'énergie et la ferveur qu'ils engagent tous dans ce combat.
Fichtre, il ne s'agit pas de leurs enlever des droits. Il s'agit juste de donner ces mêmes droits à d'autres, sans rien leur prendre. Peut-on être égoïste et stupide au point de croire qu'on est plus riche quand d'autres ont moins ? Manifestement oui.
Et qui sont-ils pour penser s'octroyer le droit/devoir de nous juger ? Ont-ils déjà entendu parler de la paille, la poutre et l'œil du voisin ? Tiens, cela me fait penser à une autre personne qui aurait mieux fait de se taire vendredi dernier :

dixit Rachida DatiA ceux là, je dis une dernière chose : Mêlez-vous de vos fesses, je me charge des miennes.
Nomého !

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Rapport Annuel SOS Homophobie