Israël n'étant qu'à un saut de puce, il aurait été dommage de ne pas faire un crochet. Ce jour là, le réveil a sonné à 5h du matin. C'est tôt pour des vacances, mais il fallait bien optimiser la journée au maximum, et il y avait tant à voir...
Hani nous mène à la frontière. Il a beau dire que les relations internationales sont paisibles, le nombre de contrôles routiers est impressionnant. Et voir chaque fois un garde faire le tour avec un miroir pour inspecter qu'il n'y a pas de bombe ou de passager illicite sous le véhicule n'est pas, bizarrement, ce qu'il y a de plus sécurisant.
Hani nous abandonne là en nous précisant que Daniel nous attend déjà de l'autre côté.
Nous voilà donc parti à pied vers les deux postes de douane. Je crois que je n'ai jamais de ma vie passé une frontière à pied et montrer autant de fois mon passeport et patte blanche.
Un superbe lever de soleil nous souhaite la bienvenue en terre israélienne.
Et en effet, comme prévu, Daniel est là pour nous guider en "Terre Promise".
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Ah Daniel... Ses yeux d'un bleu cristallin... Et...
Non, non, je ne vais pas vous faire le même coup érotico-porno que sur le précédent papier... Tout simplement parce que Daniel mesure 1m60 et a une barbichette blanche qui va de pair avec son âge plus que respectable !
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L'impression que je garde de la ville d'Eilat n'est pas forcément très flatteuse, un sentiment de retrouver tous les clichés d'un remix entre Deauville et Saint-Trop'. Mais comme je n'attendais rien de cette station balnéaire, pas trop de déception. Aussi nous ne nous y attardons pas et continuons notre route...
Petit moment tristesse en songeant qu'aucune vie ne peuple cette mer (hormis quelques bactéries). Ce n'est pas là que nous plongerons...
Sur les rives, à quelques endroits, des poches de couleurs se forment à cause des minerais qui remontent à la surface...
Après un long trajet, nous arrivons à Bethléem, dans la banlieue de Jérusalem. Bien sûr, il aura fallu franchir un nouveau poste de garde (puisqu'en territoire Palestinien) et le fameux mur. Daniel élude tant que possible les considérations géopolitiques, redouterait-il notre jugement ? Ces conflits me désolent et ce mur est un bien triste symbole de l'incapacité des hommes à parvenir à l'entente.
Le sourire revient immédiatement après, devant une odieuse contrefaçon de la célèbre chaîne américaine de cafés...
La basilique orthodoxe de la Nativité. Le mécréant que je suis ne peut s'empêcher de s'amuser de l'absence de conditionnel dans le discours de Daniel. "C'EST là que l'enfant Jésus EST né". Mais je garde pour moi mes convictions, je ne suis pas là pour le choquer non plus. J'ai apprécié également l'astucieux stratagème utilisé pour contraindre le visiteur à s'incliner en rentrant dans la basilique : il suffit juste de murer la porte en ne laissant qu'une hauteur d'1m20. Ce n'est pas pour rien que cette porte a été nommée "Porte de l'Humilité".
L'intérieur est chargé, autant en émotion qu'en breloques et dorures.
Je confesse ici ma crasse inculture religieuse et ma surprise d'apprendre que Jésus ne serait pas né dans une étable mais une grotte. Et c'est justement au-dessus de celle-ci que la Basilique a été construite. Toute une éducation à refaire, j'vous dis... En même temps, je ne suis pas baptisé, donc j'ai des circonstances atténuantes. En revanche, j'ai été un brin déçu que cette grotte n'ait pas été préservée en l'état, mais que les Eglises apostolique et catholique l'aient aménagée avec leurs autels respectifs : l'un étoilé marquant l'endroit précis où Jésus serait né, l'autre où Marie l'aurait ensuite installé dans la mangeoire. Des visiteurs se prosternent et embrassent l'étoile, frottent dessus une médaille et un chapelet qui deviendront certainement leurs grigris favoris. Je suis tout de même admiratif de la ferveur et des certitudes de ceux qui m'entourent. Les bras auraient pu m'en tomber, mais en fait, non, je respecte.
La sortie de la grotte mène directement dans l'Eglise catholique Sainte-Catherine d'Alexandrie. C'est beau de voir que ces deux religions parviennent à faire grotte commune. J'ai été agréablement surpris par la sobriété du lieu.
Allez, hop... On remonte dans le véhicule, on repasse le mur et les contrôles militaires pour arriver 10 km plus loin à Jérusalem. "La Ville des Trois Fois Saintes" est actuellement déserte si on imagine la foule qu'il y aura ici pour le week-end de Pâques...
Je n'ai pu m'empêcher de faire une spéciale dédicace à Aladdin en entrant dans la forteresse par la porte de Jafar... Mais Daniel m'a rapidement corrigé en me disant "Porte de JAFFA". Pfff, quel rabat-joie...
Nous suivons Daniel dans les rues du Souk sur le Chemin de Croix, en direction de l'Eglise du Saint-Sépulcre, le lieu construit sur la grotte où le corps de Jésus aurait été apporté après avoir été descendu de sa croix (qui serait un T en fait, mais bon passons). Là, où il aurait disparu de son tombeau avant de revenir plus tard.
Si l'église ne paye franchement pas de mine vue de l'extérieur, de dedans, ça déchire sa race !
L'Edicule de marbre où repose encore le tombeau
La stèle où le corps fut lavé et préparé
Le Golgotha, où il fût crucifié
Petit quart d'heure de frayeur en quittant ce lieu puisque nous avons perdu Daniel dans les rues du Souk. Et bien, nous voilà dans de beaux draps. Nous nous imaginions déjà comme des... brebis égarées !
Plus de peur que de mal, nous avons fini par le retrouver à proximité du Mur Occidental (plus connu sous le nom du Mur des Lamentations).
On nous donne une kippa pour pouvoir nous en approcher, et bien entendu, nous nous sommes trompés en allant du côté des femmes... Daniel nous rappelle à l'ordre et nous explique les petits papiers qu'il faut glisser entre les pierres pour être entendu de Dieu. Il nous raconte également quelques anecdotes dont les visites de nombreux candidats français aux élections présidentielles... Cela ne m'amuse qu'à moitié en fait : Laïcité toussa toussa...
J'aime beaucoup cette photo.
L'homme traditionnaliste qui fait face à sa ville, quitte à tourner le dos au monde moderne.
Avec un flou de mouvement pour suggérer une évolution, un espoir...
Au cours de cette journée, Daniel a fait quelques allusions au conflit israélo-palestinien sur le mode "je dis ça, je dis rien". J'ai trouvé cela quelque peu déplacé, à la limite de la provocation, mais je me suis bien gardé de répondre quoi que ce soit. Nos vécus respectifs diffèrent tellement que cela aurait été ridicule.
Cette journée a été riche. Culturellement fascinante, même pour un agnostique. Et éprouvante pour le pacifiste idéaliste que je suis. J'ai essayé de vous la retranscrire telle que je l'ai ressentie, entre respect et rictus.
J'ai grandement apprécié qu'il ne soit pas fait commerce de tous ces lieux. On y entre gratuitement, et les amateurs de photo n'y sont pas frustrés. Le Vatican pourrait en prendre bonne note...
Mais l'heure tourne et la nuit tombe. Après le Saint-Sépulcre des chrétiens, le Mur Occidental des juifs, nous n'aurons finalement pas le temps de nous rendre au Dôme du Rocher et à la Mosquée Al-Aqsa des musulmans...
Nous avons beaucoup de route à faire pour rentrer et de nombreux postes de contrôle et frontières à franchir...