DragQueen Before And After - par Leland BobbéIllustration de Leland Bobbé
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Condensé d'un brunch qui a failli tourner au vinaigre...

F_ : Tiens, ça y est, j''ai enfin vu le film Les Garçons et Guillaume, À Table ! de Gallienne.
Moi : Ah oui... Mieux vaut tard que...
F_ : J'ai pas aimé du tout. Bonjour l'image de l'homosexualité...
Moi : Parce qu'il est folle ? Parce qu'il ne s'assume pas ? Parce qu'il rassure le bourgeois bien-pensant en choisissant l'hétérosexualité à la fin ?
F_ : Oui, tout ça ! Et puis bonjour les clichés sur les grosses bites et le fantasme sur les rebeus. Et puis....
Moi : Ça va merci, j'ai compris... Tu ne veux pas être associé à cette image-là parce que ce n'est pas toi.
F_ : Voilà.
Moi : J'ai trouvé ce personnage d'hétéro-folle qui se cherche plutôt touchant... mais là n'est pas le vrai problème. C'est quand même vachement prétentieux de vouloir absolument qu'un film te représente Toi, Ta Sexualité, Ton Parcours. Quitte à ignorer ou nier le parcours sexuel et l'évolution d'autrui. C'est un peu systématique à chaque fois qu'un film/série étiqueté(e) gay sort, le pédé de base veut toujours que ça raconte sa petite histoire, sa manière de vivre, etc. Et si par malheur ce n'est pas le cas, bing, on nous ressort l'argument soi-disant imparable de "la bonne image de l'homosexualité". Il y a quand même un moment où il va falloir vous enfoncer dans la tête (ou ailleurs si ça rentre mieux) qu'IL N'Y A PAS DE BONNE IMAGE et qu'IL N'Y A PAS UNE MAIS DES HOMOSEXUALITÉS ! Ton homosexualité ne vaut pas mieux que celle d'un autre.
F_ : C'est quand même vachement cliché, on est plus proche de la Cage aux Folles que de Looking...
Moi : Mais laisse-moi rire ! Le cliché des grosses bites ? Dis-moi que tu n'aimes pas ça ! Et celui des rebeus ? Ton ex, c'était bien Kamel son prénom, hein ? Et combien de films Citébeur as-tu maté ? Et puisque tu parles de Looking, c'est amusant parce que j'ai entendu des arguments du même style sur cette série... Et ta petite coupe de cheveux et ta barbe, côté cliché du pédé, tu ne ferais pas un peu sonner tous les gaydars ?
F_ : Ahaha... Bon okay, mais... ça reste limite vis-à-vis du français moyen.
Moi : Pourquoi ? Parce que tu n'assumes tes préférences ou parce que celles différentes des tiennes te font flipper ?
F_ : Mais siiiiii... Mais on n'est pas obligé  d'étaler tout ça sur la place publique.
Moi : Vivons heureux, vivons cachés, c'est ça ? Tous dans le même moule au garde à vous ?
F_: Enfin bon, bref... Toujours est-il que j'ai pas accroché sur ce film. J'ai le droit ?
Moi : Ah mais tout à fait. C'est loin d'être un chef d'œuvre. Il a d'ailleurs tous les défauts des adaptations de pièces de théâtre. Non, tu as le droit. Mais je m'en fous de ce film. Ce qui me fout en rogne c'est juste ces arguments, que j'ai beaucoup entendus et que je trouve très discutables parce qu'ils traduisent une manière de penser la vie en société qui ne me plait pas beaucoup.
 
Je vous épargne la suite de la conversation, elle est du même acabit, nous n'avons fait que tourner en rond.
Tout ça pour dire que, vous l'aurez compris, les discours sur "la bonne image" ont le don de me faire sortir de mes gonds. Et pas seulement quand il s'agit d'homosexualité d'ailleurs. Je trouve cela assez fasciste de considérer que "la bonne image" est implicitement la sienne (ou une version bien lissée et présentable de celle-ci) et que toutes les autres n'ont pas le droit ou l'intérêt d'être montrées...
Certaines personnes ne doivent avoir qu'une seule couleur à leur arc-en-ciel.