Émeutes de Stonewall 1969

Émeutes de Stonewall - 28 Juin 1969

Que dire de novateur à propos de Stonewall qui n’ait pas déjà été raconté ici ou ailleurs ?
Je ne sais pas, mais 50 ans ça se marque, ça se célèbre, alors une petite piqûre de rappel s’impose…

Dans les années 60 aux USA, le système juridique était particulièrement répressif à l’encontre de la population homosexuelle. Le Stonewall Inn, un bar new yorkais alors propriété de la mafia, accueillait une foule de clients en marge du système, et plus particulièrement des transgenres, travestis, des garçons efféminés, et autres prostitués. Les descentes de police étaient fréquentes mais celle de la nuit du 27 au 28 Juin 1969 a été celle de trop. Une transgenre du nom de Sylvia Ray Riviera aurait lancé une bouteille sur un des huit policiers. Ils perdirent rapidement le contrôle d’une situation qui s’est enflammée à la manière d’un brasier de colères trop longtemps refoulées. Des deux côtés les renforts ne tardèrent pas à arriver et au final, ce serait près de 2000 LGBT+ et sympathisants de Greenwich Village contre 500 policiers qui s’affrontèrent autour du Stonewall Inn, devenu le théâtre de la première émeute homosexuelle contre l’oppression et les discriminations. Les jours suivants la révolte s’est organisée, des groupes militants se sont formés afin de mettre un terme aux violences policières et aux discriminations.
 

Stonewall 1969

 

Quelques mois plus tard, Craig Rodwell qui avait participé à la fondation du Gay Liberation Front lançait le Christopher Street Liberation Day chargé d’organiser une commémoration des émeutes de Stonewall. Lors de la première manifestation anniversaire sont apparus les slogans « Gay Pride » et « Gay Power ». Ainsi naquît la première Marche des Fiertés, qui au fil des années a fini par s’étendre aux autres grandes villes américaines puis internationales.
Elles se déroulent toutes pendant le mois de juin en hommage direct aux événements de Stonewall, marqueur de la première lutte pour une reconnaissance des droits.
Depuis le Stonewall Inn a été racheté par des propriétaires LGBT+ et demeure le bar emblématique de Greenwich Village.

Premières Marches

En France, la première marche identifiée comme telle et indépendante de toutes autres manifestations date de 1977, de la Place de la République à la Place des Fêtes. En 1981, elle prend le nom de Marche Nationale pour les Droits et les Libertés des Homosexuels et des Lesbiennes et près de 10.000 personnes manifestent de la Place Maubert à Beaubourg. Rapidement elle prend le nom de Gay Pride puis Marche des Fiertés.

 

Orpheus @ Gaypride 1998


Ma première marche date de 1995. Si je n’ai plus aucun souvenir du parcours de l’époque ou du nombre de participants, il me reste un magnifique sentiment de communion générale, de volonté de reconnaissance et de revendications de droits, d’acceptation des différences et d’amour. Déjà très à l’aise dans ma sexualité (huhuhu), je n’ai pas vécu la fameuse expérience «okay, je ne suis pas seul, c’est okay d’être gay», mais tous les éléments étaient présents pour permettre ce sentiment à ceux qui en auraient eu besoin.
D’années en années, à deux ou trois exceptions près, j’ai toujours assisté aux marches, un poing levé d’un côté, la main sur l’appareil photo de l’autre pour immortaliser ce moment fugitif où pour quelques heures nous montrons une unité dans nos diversités.
J’ai également manifesté à deux Prides de Nuit, des marches organisées en parallèle, plus militantes et un peu moins paillettes.
Je confesse une certaine fierté à avoir contribué à ma modeste échelle à l'avancée de nos droits : d'abord le PaCS puis l'ouverture du mariage et de l'adoption à toutes et tous. Le grain de sable et la pierre à l'édifice.

 

Orpheus @ Gaypride 2010

Dans les années 2000-2010, il a fallu expliquer ce qu’était cette marche aux gays qui la dénigraient parce que d’après eux elle donnait « une mauvaise image de l’homosexualité ». Il a fallu leur expliquer que s’ils avaient des droits, s’ils étaient bien dans leurs baskets, ils le devaient surtout aux marginaux qu’ils pointaient du doigt. Il a fallu leur dire qu’il ne tenait qu’à eux d’apporter leur image de l’homosexualité pour compléter la palette…

Depuis quelques années, on entend des petits jeunes vouloir s’emparer de cet événement pour en faire quelque chose de très exclusif avec qui a le droit d’y assister, qui ne doit pas, comment se comporter ou ne pas prendre de photos pour ne pas mettre en danger les personnes présentes… Si je peux comprendre leurs motivations, je dois avouer que tout cela m’exaspère au plus haut point tellement ils sont en contradiction avec l’esprit même de Stonewall. Par ailleurs, ma joie a toujours été décuplée par la présence et le soutien de mes amis hétéros, il ne me serait jamais venu à l’esprit de leur interdire d’y assister. À les entendre ou lire sur les réseaux sociaux, je me dis parfois qu’on leur a peut-être trop mâ(r)ché le travail et qu’il ne faudra pas trop compter sur eux pour le chemin qu’il reste à parcourir dans de nombreux domaines. J’espère me tromper.

Samedi, je serai là.
De Montparnasse à République.
Avec mon appareil photo pour immortaliser comme il se doit ce cinquantième anniversaire.
Happy Birthday Stonewall !
À toi et à toutes celles et ceux qui ce jour-là ont dit « Assez ! » pour que nos vies soient meilleures aujourd’hui.

 
 
Je profite de ce papier pour saluer l’initiative de la Mairie de Paris (sous la houlette de Jean-Luc Roméro et d’Anne Hidalgo) de marquer cette commémoration en rebaptisant trois places et une rue du nom de personnalités de l’histoire LGBT+ sans oublier l’événement fondateur des luttes.
Nouvelles Rue LGBT Paris 2019
 
 
(photos en noir et blanc issues de Google Images, non créditées // photos couleurs de mes archives perso ;-)