Cette année, "obligations" familiales prioritaires, je ne pourrai pas participer à la Marche des Fiertés LGBTI+ comme à l'accoutumée. Je me suis fait une raison en me disant qu'au moins je n'aurais pas à déplorer le manque de militantisme au profit du festif de la Gaypride. Notez que le côté "festif" ne dérange pas, il fait partie intégrante de l'héritage des premières marches post-Stonewall, c'est juste que je regrette que le message militant soit relativement noyé dans la prépondérance excessive des lycéens-sous-alcools-et-autres venus plus pour assister à une techno-parade qu'une gaypride. Enfin bon, ça fait du chiffre pour peser dans la balance des manifestants qui portent nos revendications. Et ça compense avec les honteuses et autres je-m'en-foutistes qui profitent des avancées sociales sans avoir à battre le bitume...
Alors la tentation pour moi était grande d'assister au moins à cette "Pride de Nuit" organisée ce mardi par une longue liste d'associations militantes en tout genre.
J'arrive à 18h30 au lieu du rassemblement, Fontaine des Innocents. J'aime la symbolique du nom. Une petite centaine de personnes est déjà là, je reconnais de loin le drapeau noir et rose d'Act-Up. Je repense à ma première Marche où nous étions au final à peine 5000, nous avions attendu un bon moment d'être un millier pour pouvoir partir. A cette époque le militantisme était fort et très présent, il y avait tout (ou presque) à faire encore...
J'en profite pour lire le tract des revendications de cette "Pride de Nuit" :
Alors la tentation pour moi était grande d'assister au moins à cette "Pride de Nuit" organisée ce mardi par une longue liste d'associations militantes en tout genre.
J'arrive à 18h30 au lieu du rassemblement, Fontaine des Innocents. J'aime la symbolique du nom. Une petite centaine de personnes est déjà là, je reconnais de loin le drapeau noir et rose d'Act-Up. Je repense à ma première Marche où nous étions au final à peine 5000, nous avions attendu un bon moment d'être un millier pour pouvoir partir. A cette époque le militantisme était fort et très présent, il y avait tout (ou presque) à faire encore...
J'en profite pour lire le tract des revendications de cette "Pride de Nuit" :
Globalement, je ne peux pas dire que je ne me reconnais pas dans ces critiques et revendications. J'entends déjà dans mon oreillette dire que certaines n'ont pas leur place dans une marche pédé, j'ai tendance à croire que tout est imbriqué, que ce qui nuit au plus grand nombre, retombe avec une force exponentielle sur les minorités.
L'heure tourne, nous sommes toujours Fontaine des Innocents. La foule commence à atteindre un nombre respectable. Elle est diversifiée, aussi bien en genre qu'en âge, ça fait plaisir, on se dit que la relève est assurée. Commence alors les prises de paroles des associations qui reprennent les différents points des revendications, les discours sont tous "doublés" en langue des signes, ça aussi, ça fait plaisir à voir. Je retiens l'émotion du discours de la représentante des Sœurs de la Perpétuelle Indulgence du Couvent de Paname. Chair de Poule.
Enfin, nous partons. Un parcours assez "confidentiel" en terres conquises : Rue Saint-Denis, Rue aux Ours, Beaubourg, Rue Sainte-Croix de la Bretonnerie pour finir Place Baudoyer. Un peu de musique, mais surtout des slogans scandés avec motivation. Mon préféré a été : "Y en a assez, assez, assez de cette société, qui ne respecte pas les trans, les gouines et les pédés !".
A en juger mes conversations sur Twitter, certains ne ressentent pas ce manque de respect. Je le trouve évident :
- Quand un président fait une boulette en disant que la sexualité est un choix, c'est un manque de respect.
- Quand la PMA est autorisée pour les couples hétérosexuels mais refusée aux homosexuelles, c'est un manque de respect. (Ma position sur la GPA est plus complexe, je devrais peut-être en faire un papier...)
- Quand le parcours d'une marche pacifique est reportée pour des raisons de contexte social, de terrorisme, ou sportif (même si je peux comprendre les risques encourus et la fatigue des forces de l'ordre), considérant la volonté des LGBTI+ de ne pas courber l'échine après le massacre d'Orlando, c'est un manque de respect. Quand des pressions sont faites ensuite pour que cette marche soit annulée ou reportée en septembre, et pour qu'au final son trajet soit amputé, c'est un manque de respect. Nous vivons l'homophobie au quotidien, indépendamment de tout contexte, la marche des fiertés doit également refléter ceci.
- Quand la parole politique homophobe est considérée comme l'expression d'une opinion et non comme un délit, c'est un manque de respect.
- Quand l'état rechigne à prendre en considération les problèmes que rencontrent les transexuelLEs, c'est un manque de respect.
- Quand la politique de prévention HIV se résume à une campagne d'affichage l'été, c'est non seulement un manque de respect, mais surtout de l'inconscience et de la non-assistance à personne en danger.
- Quand on refuse de faire pression sur des pays où l'homosexualité est passible de peine de mort ou d'emprisonnement sous prétexte que nous faisons du commerce avec eux, quand le mariage de ses ressortissants n'est pas reconnu, c'est un manque de respect.
J'arrête ici, même si j'en ai certainement oublié beaucoup...
Alors #TrahisonSocialiste ou pas ?
Je laisse à chacun le soin de placer le curseur fonction de son appréciation.
Les promesses de campagnes n'ont pas toutes été tenues. Mais c'est l'essence même de ses promesses, elles n'ont toujours engagé que ceux qui y croient comme dirait l'autre. Il n'empêche que sur le "Dossier Rainbow", l'ouverture du mariage a fait naitre beaucoup d'espoirs à venir. Une fenêtre a été ouverte, mais en vain, rien de plus, un peu comme si on nous disait "On vous a donné le mariage, c'est déjà pas si mal". Une fenêtre a été ouverte, mais les rideaux ont été vite tirés... Alors oui, il y a de quoi être déçu. #DécéptionSocialiste.
La #TrahisonSocialiste est pour moi beaucoup plus évidente sur le plan économique (loi travail...), politique (49-3...), ou encore dans la politique d'immigration... Même si tout ne sera pas à jeter dans le quinquennat d'Hollande, il y a tout de même des lois et des méthodes qui n'ont rien à envier au Sarkozysme...
A propos du 49-3, j'en profite pour faire une parenthèse. J'ai entendu/lu que le gouvernement aurait pu/du l'utiliser pour faire passer l'ouverture du mariage aux personnes de même sexe plutôt que de nous infliger pendant de longs mois un débat qui a libéré la parole homophobe.
NON. HEUREUSEMENT QUE LE 49-3 N'A PAS ETE UTILISE !
C'est justement parce qu'elle a suivi le parcours normal, qu'elle est passée par la Commission des Lois, par deux fois à l'Assemblée Nationale, par le Sénat pour être finalement ratifiée que cette Loi a toute sa légitimité, celle d'une loi émanant des représentants du peuple, celle d'une loi sur laquelle il sera beaucoup plus difficile de revenir.
Pour ce qui est de l'expression de la parole homophobe, même si cela a été _très_ douloureux, je me console en me disant qu'au moins son expression nous permet de mieux connaitre et cibler nos ennemis et leurs "arguments". Cela permet de mieux les combattre... Que cette parole ne soit pas punie quand elle tombe sous le coup de la loi, ça c'est une autre histoire...
Gros moments d'émotion lors du Die-In Rue Sainte-Croix de la Bretonnerie. Une minute de silence tous et toutes allongés sur le sol en mémoire des victimes du sida. Une pensée pour P_.
Nous sommes devant le Cox. Je vois un client qui quitte la terrasse pour venir s'allonger sur la chaussée. J'en vois un autre qui prend une gorgée de sa bière en levant les yeux au ciel. Il y aura toujours des pédés pour s'impliquer et d'autres pour juger et profiter...
Je ne vais pas faire un inventaire des pancartes lues, ce papier est déjà trop long (tldr; #PrivateJoke ;-) )
Une a particulièrement retenue mon attention, celle portée par un jeune barbu en t-shirt rose : "Some Queers are Fem ! Get over it !", une belle façon de porter le message contre la follophobie, car le manque de respect vient également de l'intérieur. Balayons aussi notre paillasson !
Nous aurions été plus de 3000 hier soir.
J'imagine aisément que cette "Pride de Nuit" a autant de détracteurs que la "Pride officielle" chez ceux qui pensent que "ça donne une mauvaise image de l'homosexualité". Je suis las de discuter chaque année avec ceux-là. Continuez à profiter des avancés que vous offrent les Folles Furieuses, et permettez moi juste cette fois de vous ignorer. Après tout, c'est un peu ce que vous demandez...
Je vous invite à lire cet article sur Regards.
Et je vous souhaite à tous une belle marche parisienne samedi.
Oyez Oyez !