Black Lives Matter

Emmanuel Acho est un ancien joueur de football américain de la NFL aujourd'hui consultant et analyste pour la chaîne de télévision ESPN, spécialisée dans le sport. Au vu des récents événements aux USA, il a publié une vidéo sur ses réseaux sociaux intitulée « Uncomfortable Conversations With a Black Man Pt:1 », un speech de neuf minutes trente puissante pour bien comprendre les mécanismes du racisme, qui explique le pourquoi du comment, et surtout qui nous dit à nous qui sommes blancs, comment il nous est possible d'agir et de soutenir.
 
Et pour moi, qui n'étais pas vraiment à l'aise avec l'idée de ce simple carré noir silencieux publié sur nos réseaux sociaux, cette parole est exactement celle que j'avais besoin d'entendre.
En tant que blanc privilégié, je fais partie du problème, mais je peux aussi faire partie de la solution.
 
Je relaye donc sa vidéo ici, en me contentant de traduire les passages qui m'ont marqué pour qu'elle soit accessible à tous.

 
Dans la première partie, Acho explique pourquoi nous sommes passés des manifestations pacifiques aux émeutes. « Martin Luther King a dit que les émeutes sont le langage de ceux qui ne sont pas entendus. Pendant des années les noirs ont manifesté pacifiquement depuis 1965 (...) et cela n'a pas fonctionné. Et maintenant nous voyons des émeutes parce que les noirs et les gens meurtris essayent d'attirer l'attention des oppresseurs (...) En 1960, on a crié "Nous sommes opprimés", mais cela n'a pas changé les choses. Alors on a encore crié "Nous sommes opprimés" mais rien n'a changé. Et maintenant nous voyons la collision se produire ». Il dresse ensuite un parallèle avec le modèle de Kübler-Ross ou les cinq étapes du deuil en expliquant l'arrivée au stade de la Colère.
Acho répond ensuite à l'interrogation sur l'existence des privilèges blancs. « Lyndon Baines Johnson a dit "Vous ne pouvez pas enchaîner quelqu'un pendant des centaines d'années, le libérer et le mettre en compétition avec les autres, et toujours croire à juste titre que vous avez été justes". Les privilèges blancs, c'est avoir dans une course une tête d'avance de par des années et des années de racisme systémique et systématique. (...) Les privilèges blancs ce n'est pas de dire que votre vie n'est pas difficile, c'est dire que votre couleur de peau n'a pas contribué à la difficulté de votre vie ».
Acho donne des exemples de sa vie où il doit constamment penser qu'il peut être perçu comme une menace pour les blancs dès qu'il sort de chez lui, quand il va chercher son courrier ou quand il se trouve dans un ascenseur. Il donne des exemples insoutenables où de mauvaises interprétations de simples gestes ont eu des conséquences fatales pour les noirs, sans que les responsables soient condamnés. « Le privilège blanc est la possibilité de transformer votre blancheur en arme, et aussi la capacité à vivre sa vie de façon insouciante, parce que moi, en tant que noir, je dois calculer chacun de mes gestes dès l'instant où je sors de chez moi ».
Il parle ensuite du "N-Word", de ce que cela implique quand il est employé par un blanc. Il développe ensuite la différence de traitement judiciaire entre les crimes perpétrés par les blancs et ceux par les noirs.
« Alors si vous voulez savoir comment nous aider, comment nous soutenir, vous devez d'abord vous éduquer pour comprendre exactement ce que vous soutenez et pourquoi vous le faites. Parce que la seule façon de résoudre ce problème est par l'exposition, par l'éducation, par la compassion et l'empathie ».
 
 

White Silence Is Violence

Je ne manquerai pas de suivre les prochaines Conversations d'Emmanuel Acho, car même si je n'ai pas découvert de nouvelles choses dans ce premier volet, mon niveau de compréhension et ma perception de la situation ont certainement été élevés.
Et il ne faut pas s'imaginer que la distance avec les USA change quoi que ce soit. Le problème est exactement le même en France. Il n'y a qu'à voir la couleur de peau des intervenants sur les plateaux de télévision pour parler des sujets concernant les personnes racisées. On ne peut critiquer ce qu'il se passe de l'autre côté de l'Atlantique et fermer les yeux sur la situation en France, sur notre racisme, sur nos violences policières.
Je pense aussi à cette chaîne sur Twitter cette semaine où chacun disait à quel âge il a eu son premier contrôle d'identité. Les réponses des personnes blanches ont pratiquement toutes été jamais ou à un âge tardif et surtout un nombre négligeable de fois qui ramène ces contrôles à un épisode anecdotique de nos vies. Cela montre bien l'insouciance qui nous est donnée par rapport aux personnes racisées qui elles, doivent sans arrêt être sur leur garde. On a beaucoup parlé de Camelia Jordana qui exprimait sa peur de la police et de la virulente réponse que lui a faite Castaner. Comment ne pas la comprendre ? Surtout en voyant qu'un gamin de 14 ans peut être tabassé par quatre flics sans que ceux-ci soient immédiatement inquiétés.

Alors que faire, à son échelle pour changer les choses ?
On peut se réjouir que Zemmour ait été condamné pour provocation à la haine raciale. Mais il faut peut-être aussi boycotter les émissions et les chaînes qui lui donnent un micro.
Être attentif à ce qui se passe autour de soi.
Parler et dénoncer à chaque fois, quitte à se répéter, tant que les choses n'auront pas changé.
Et voter en conséquence.