Je suis... June East

Je suis... June East !

Quand les inscriptions à l’Auberge des Blogueurs ont été ouvertes, la mienne a été d’une simplicité enfantine tellement j’avais une idée précise de qui je voulais incarner : une Femme, of course ! Non seulement pour le plaisir du rôle de composition, mais surtout pour savoir si ma plume était capable de faire illusion, si mon genre n’allait pas transparaître dans mes mots et attitudes. Pour ce qui est de sa profession, le choix a été celui du cinéphile, elle sera une actrice.
Voici quel a été mon cheminement : « Pas une célébrité pour ne pas faire d’ombre aux autres personnages ou leur imposer sa présence. Une débutante. Elle serait en vacances à l’Auberge en attendant les résultats d’un casting important. Tiens, un biopic par exemple ! Sur qui ? Sur Madonna, évidemment ! Non, on va me griller tout de suite. Alors sur Mae West ! Vendu ! On va la nommer comment ? Réfléchissons... Mae West, Mae West… Et pourquoi pas June East ? C’est rigolo. Non, ce serait une coïncidence peu crédible. June East sera le pseudonyme sous lequel elle réservera sa chambre. On va lui trouver autre chose. » Et pendant que je cherchais, j’ai entendu cette version de J’ai Ta Main que j’aime beaucoup. J’ai pensé à Vanessa Paradis et son interprétation dans le film Élisa, et également à Gainsbourg qui disait « Paradis, c’est l’enfer ». Le vrai nom de ma June East sera donc Élisa Hell (même si j’ai regretté son nom de famille anglais dès son arrivée… bref…). Ma marionnette était créée, et sa réservation faite pour trois semaines (ce qui me semblait déjà être un parcours du combattant – j’entends des rires dans la salle). Il n’y avait plus qu’à attendre une quinzaine de jours que l’auberge ouvre ses portes. J’ai mis à profit ce laps de temps pour relire, par plaisir, une biographie de Mae West et c’est là que l'idée m’est venue d’émailler chacun de mes textes par une citation de cette personnalité attachante, absolument fantasque, terriblement féministe pour son époque, provocante, raillée et mésestimée. Les bons mots de Mae West allaient être mon gimmick. Et tant pis, si physiquement je l’imaginais plus comme une Lauren Bacall, après tout elle pouvait ressembler à Bacall et tenter d’incarner une autre actrice…
 
Une grosse partie du scénario de June East était dans ma tête avant même son arrivée. Elle allait y potasser le rôle convoité, se mêler aux autres personnages sans dévoiler son identité et sa profession. Et le rôle lui passera sous le nez, ce qui me permettra d’écrire une belle scène de larmes… Et c’est à ce moment-là que j’ai vu dans le forum que les bonnes fées de l’auberge (que mille grâces leur soient rendues pour les décennies à venir) avaient eu l'idée d’installer dans la chambre voisine un réalisateur une semaine avant le départ de mon actrice. J’ai pensé « Quelle aubaine ! Elle discutera avec lui, et avec un peu de chance, il lui remontera le moral en la tuyautant sur un casting ».
 
Le jeu commence ! Je passe sur les angoisses d’écritures évoquées dans le billet précédent.
 
Et là, très rapidement, je m’amuse comme un fou en complotant ma première interaction avec Paul Dindon (aka Laurent) : il apportera son aide à mon personnage durant une alarme incendie et ils iront prendre un verre au village voisin. Vient ensuite une très belle rencontre, celle avec Anna Fox (aka Lynxxe), avec une pointe d’érotisme qui a permis d’ajouter la touche Lauren Bacall dont je rêvais. Nous n’avions que très peu préparé ensemble nos textes sur le forum et pourtant ils se répondaient à merveille (Ping / Pong). Bim ! J’étais cuit, addicted à ce jeu d’écriture, et commençais déjà à avoir des regrets de devoir partir si rapidement. Débarque alors Natou (aka Luce) qui enchante l’auberge entière et fait de ma June sa « Coupine », et enfin, Éric Javot (aka Gilsoub), le fameux réalisateur attendu pour apporter une lueur d’espoir à mon actrice…
 
Et là… la grosse surprise !
Dès le début, je suis séduit par la forme des billets de l’auteur de Javot. Le bougre avait eu l’excellente idée de présenter ses textes comme un scénario, à cheval entre réalité et exagérations cinématographies, avec plein de références et clins d’œil pour qui prend le temps de lire entre les lignes. Rhaaaa, j’aurais tellement aimé penser moi-même à cette forme d’écriture ! Je me suis précipité sur le forum pour lui proposer une interaction. Et là, il me donne son feu vert en me disant d’improviser, qu’il ne veut rien préparer. Whaaat ? Mais, heu, c’est délicat d’imposer à l’autre une amorce sans accord préalable… Ok, je joue le jeu, en envoyant une balle qu’il me réexpédie avec brio dans son billet suivant. Wow ! Le courant passe entre nos plumes et nos personnages. En même temps que tout le monde, je découvre sur le blog l’histoire qu’il écrit à nos marionnettes et dois à mon tour composer et publier ma réponse-surprise. L’amusement procuré par nos ping-pongs sans filet est à son comble. L’auteur de Javot fait tout pour mettre en valeur mon actrice avant son départ en lui offrant un agent digne de ce nom lors d’une journée à Genève. Pour mon dernier billet, avant de partir de l’auberge, je ne résiste pas à la tentation de laisser June sortir de sa chambre au petit matin après une nuit d’amour… Mes derniers dés sont lancés (que je crois), et je croise les doigts en attendant sa réaction dans son billet suivant…
 
Nous sommes donc début juillet… J’ai quitté le jeu, mais comme un drogué, je traine sur le forum pour le plaisir, ne serait-ce que pour rigoler avec la petite bande d’auteurices… J’ai la joie de voir que l’auteur de Javot continue d’utiliser ma June dans ses textes à la manière d’un PNJ (personnage non joueur) et que leur histoire commence à glisser vers une love story. Voilà qui n’aide pas trop à tourner la page ! Alors je cède à la tentation et concocte un nouvel avatar (dont je parlerai dans le prochain billet de ce blog). Mais ça ne suffit pas. J’ai comme cet arrière-goût dans la bouche d’avoir centré mon actrice uniquement sur ses ambitions professionnelles sans lui avoir donné réellement de profondeur, de passé et de consistance. Bien envie d’y retourner pour continuer à étoffer ce personnage, mais en même temps je m’interroge sur le risque d’imposer ma présence à l'auteur de Javot que cela pourrait déranger, il pouvait avoir en tête d'autres chats à fouetter... J’en discute en secret avec la SuperPatronne, on tombe d’accord sur le fait qu’il faut lui laisser le choix de poursuivre ou pas son amourette avec mon actrice, et nous organisons le retour surprise de June East à l’auberge… Je ris encore rien qu’en repensant à nos discussions sur la recherche de la meilleure date compte tenu des billets de Javot. Dans ma tête, je réfléchis à quelques pistes selon qu’il décide de se séparer d’elle dès son arrivée ou avant la fin du jeu. J’étais persuadé qu’il le ferait tôt ou tard…
 
L’amusement de ma première partie a été décuplé à la seconde, d’autant plus que je crois être parvenu à donner à ma marionnette ce qu’il lui manquait. Javot ne semblait pas avoir envie de quitter June  East (ou il n’a pas osé, mystère !). Le défi était maintenant de ne pas écrire qu’une Comédie Romantique. J’ai donc essayé de glisser dans mes billets quelques petites réflexions plus profondes ici et là (et pas de souci si elles sont restées inaperçues, je sais qu’elles y sont). Et puis tant qu’à donner un passé à ma créature, autant y aller à fond et en profiter pour aborder un sujet grave comme l’inceste ( L’Aigle Noir IL’Aigle Noir II ).
 
Dans cette seconde partie, j’ai privilégié le renforcement des amitiés et l’éclosion de nouvelles. Avec l’irrésistible Natou, bien sûr, mais aussi avec Ann-Kathrin (aka notafish, dont j’ai pris grand plaisir à prolonger la présence après son départ) et Akikazi (aka Julien) son amoureux, et puis aussi Calliste (aka Sacrip’Anne). Sans oublier cette fabuleuse scène avec Alexeï et son Comte russe (aka Sacrip’Anne again), les merveilleuses méga-interactions avec Jojoff (aka Kozlika), les rigolottes avec le petit Nicolas (aka notafish, again), les tumultueuses avec Côme (aka Garfieldd) et les silencieuses, mais non moins talentueuses de Lucien (aka Philippe). Évidemment, je garde une place au chaud pour cette virée « entre filles » avec Jeanne la Patronne (aka Kozlika again - quand l’improvisation de départ est tellement belle qu’elle motive à écrire un retour à la hauteur)... Et avec d’autres encore et encore, jusqu’à plus soif ! ;) . Toutes ces marionnettes ont pris le temps dans leur propre histoire de donner un petit coin affectueux à la mienne et j’en suis touché.
 
La romance a bien sûr eu une place prépondérante avec notamment une mémorable escapade à Saint-Claude (Billet d’amorce de Javot / Billet retour de June). Notre jeu de ping-pong sans concertation s’est poursuivi pour le meilleur comme pour le pire jusqu'au bout. Pauvre Gilsoub, j’ai le sentiment tout de même de ne pas l’avoir épargné en lui en faisant voir de toutes les couleurs ;’D Si je n’ai pas hésité à pousser le bouchon, c’est certainement parce que nos échanges sur le forum étaient clairs et sans équivoque : il n’y avait pas de jeu de séduction entre nous. Mais je lui ai quand même collé un gamin ! Mouarf ! J’ai eu beaucoup de veine d’avoir un auteur comme lui en binôme : quelqu’un qui s’arrange pour mettre en valeur le personnage d’autrui dans chacun de ses billets et qui renvoie toujours (ou presque ;-) ) les balles là où il faut, c’est rare et précieux.
Je garderai aussi une tendresse particulière pour ces trois textes où j’ai tenté d’apporter une touche d’originalité à cette love story : Un Gars / Une Fille, puis Élisa & Éric, The Musical (où je me suis fait plaisir à écrire une chanson, lol) et enfin celui-là où June rêve son futur idéal (une façon pour moi, à l'approche de la fin, de distribuer des clins d’œil et de « boucler la vie » de June pour ne pas la regretter ensuite).
 
La difficulté avec ce personnage aura été pour moi de maintenir sa crédibilité tout au long de l’été. J’ai enchaîné les relectures compulsives à traquer les fautes d’accord au féminin dans mes billets (en vérifiant tous les trois jours les mêmes règles d'accord sur le net), au point d’en laisser passer d’autres plus horribles encore. Je jure ici solennellement de ne plus jamais faire le choix d’un narrateur féminin !
 
Mais quelle récompense que la surprise des participants à la fin du jeu ! J’en ai savouré chaque seconde (avec une pointe de fierté, je le confesse).
Niveau stupéfaction, je n’ai pas été épargné non plus quand les masques de celleux avec qui je m’étais amusé sont tombés. Quel kiff de découvrir que je n’étais pas le seul auteur avec deux personnages et qu’ielles s’étaient tou.te.s arrangé.e.s pour que je puisse jouer avec chacun d'eux ! Et je me souviendrai toujours de mon fou rire lorsque j’ai appris que l’auteur de Javot était en couple dans la vraie vie avec l’autrice de Natou, ma SuperCoupine. Ils m’ont bien eu ces deux-là ! :’D
 
Voilà, June East / Élisa Hell appartient maintenant au passé.
J’ai adoré la faire exister.
Mais de folie !
 
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June East, L’intégrale : Les 20 premiers billets – Les 20 suivantsLe Final

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Pardon à tous les autres joueurs que je n’ai pas pris le temps de mentionner dans ce billet encore une fois bien trop long. Je ne vous oublie pas et vous garde bien au chaud dans ma mémoire ;-*
Bien évidemment, je vous invite à lire tous les textes de l’Auberge des Blogueurs.
Et ici est publiée la liste de tous les auteurices et leurs marionnettes.