Mon bureau avec vue sur l'Auberge

Mon bureau avec vue sur l'Auberge

« Picture this ! Le Jura, Été 2020 », dirait Sophia Petrillo.

Imagine (sans fermer les yeux, parce que sinon, c’est plus difficile pour lire sur ton écran) une forêt de sapins verts, un lac plutôt frisquet, et là, à côté, une belle auberge. La Patronne, qui vient de lancer son affaire, termine le recrutement de son personnel, une joyeuse équipe attachante, juste avant l’ouverture des portes aux premiers clients le 15 juin dernier. Se croisent alors des personnages très différents les uns des autres, avec leurs hauts et leurs bas, leurs problèmes et leurs joies, leurs sourires et leurs larmes, leur passé et leurs espoirs pour l’avenir. Et cela, tout au long de l’été, jusqu’à la fin de la saison touristique, le 15 septembre.

Cette histoire a bien eu lieu sous la plume de 58 auteurs qui ont créé 66 individus pour leur donner vie chaque jour sous la forme de 869 textes sur l’Auberge des Blogueurs. Ainsi a été composée une toile collective avec différents univers et tonalités chatoyantes. Le tout sous la houlette d’une équipe de choc à l’organisation et à la conception (Kozlika, Franck Paul et Pep – et des bonnes âmes pour aider aussi). Ces « grands malades » n’en sont pas à leur premier galop d’essai puisque ce projet fou est la seconde saison de la saga littéraire L’Hôtel des Blogueurs, qui avait réuni des auteurs sur le même principe il y a quinze ans déjà.
Ce roman à 116 mains a été rendu possible grâce à la présence d’un forum en coulisse où les auteurs-marionnettistes ont orchestré plus ou moins (ou pas du tout, en mode YOLO) les relations que leur pantin allait avoir avec ceux des autres.

J’avais appris l'existence de la première édition en cours de route et n’avais pu y participer faute de temps. Aussi, cette fois, je n’ai pas perdu une minute pour m’y inscrire dès le début.
Et quel kiff, les amis ! Exit les soucis de l’actu et de la vie quotidienne, place à l'imagination, au fun, et à la création. Je crois avoir vécu cet été une de mes plus belles expériences d’écriture, de découverte et d’apprentissage. À tel point qu’après le départ de mon personnage, j’en ai concocté un second et n’ai pas pu résister ensuite au plaisir d'organiser un comeback à ma première marionnette.

Mon enthousiasme m’a fait brûler les étapes pour arriver direct à la conclusion (au moins comme ça, vous pouvez arrêter tout de suite cette lecture !).
 
Je dois tout de même confesser un gros sentiment de panique au tout début à la vue du niveau des billets déjà publiés. Il allait falloir être à la hauteur. Et puis, j’ai relu le titre « jeu de rôle littéraire ». Oui, un jeu de rôle. Un jeu, avant tout. Il fallait prendre cela aussi avec légèreté. On n’était pas en quête d’un prix littéraire. 
L’anonymat des auteurs a aidé à me décomplexer. Si j’écris de la bouse, personne ne le saura avant le lever de rideau final. Mine de rien, ça aide drôlement pendant le processus d’écriture de savoir qu’on ne sera pas jugé par ses amis, on se permet à essayer des choses, à prendre des risques qu’on n’oserait peut-être pas à visage découvert.
La bonne ambiance sur le forum a aussi été libératrice et a fait tomber certains de mes freins. J’ai très vite vu et intégré, qu’il n’y avait pas de compétition, que chaque style avait sa place ainsi que tous les univers. Et surtout, j’ai compris que nos textes même après publication n’étaient pas gravés dans le marbre et qu’il était possible de revenir dessus après la mise en ligne en cas de souci. Mine de rien, cela décoince.

Ensuite, c’est comme pour la vie réelle, des affinités se forment, des liens se tissent… On goupille plus souvent des interactions avec certains qu’avec d’autres. On découvre de nouveaux personnages vers lesquels on a envie d’aller…
Et comme dans la vraie vie, il y a toujours quelqu’un qu’on apprécie moins… That’s life !

J’y reviendrai certainement dans les deux prochains billets sur mes marionnettes, mais la chose qui m’a le plus enchanté est l’écriture à plusieurs et les interactions entre personnages. Je n’avais jusqu’à présent eu que des expériences d’écriture en solo, où je prenais le temps de lisser, de chercher le bon mot… Là, il fallait rebondir, ramasser des billes et en distribuer. Et surtout, écrire vite, vite, vite…
Je dois dire que je me suis pris un shoot d’adrénaline comme rarement. Je me suis gavé d'interactions au maximum comme un drogué qui savait qu’on allait lui couper ses doses le 15 septembre.

Je crois que l’Auberge a changé un peu ma vision de l’écriture. Je vais tenter de ne plus revenir sur chaque phrase au moment de l’écriture comme je l’ai fait jusqu’à présent. Ne plus écrire comme si les mots qui sortent du clavier étaient ceux de la dernière version. Mais aller jusqu’au bout d’un chapitre et ne modifier ce qui a été écrit qu’une fois celui-ci achevé.
Je ressors de cette expérience avec plein de nouvelles cordes à mon arc pour apprendre à écrire mieux. Comment en peu de mot dire beaucoup, comment intensifier une idée en laissant planer un doute plutôt que de la développer au stabilo, comment mettre en valeur un personnage à travers les yeux d’un autre, comment improviser un arc narratif et laisser à son partenaire de jeu différentes pistes d’improvisation, et bien d’autres choses encore…
Il me reste beaucoup à apprendre, alors j’espère déjà une prochaine édition (mais pas de suite, hein ! ;-) ).

Enchanté d’avoir participé à cette délirante aventure collective.
Enchanté de voir depuis le baisser de rideau de nouvelles amitiés se dessiner et d’anciennes se renforcer.

Impossible de terminer ce papier sans envoyer à mes camarades de jeu des dizaines de baisers du cœur.
:-*

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Si vous n’avez pas suivi nos aventures, elles se trouvent à L’Auberge des Blogueurs.
Et l'accès aux textes dans l’ordre chronologique est ici.
Et ici est publiée la liste de tous les auteurices et leurs marionnettes.
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Ah oui, une dernière chose aussi : Dotclear, c'est trop d'la balle. ;-)